L’arrêt de travail des commerçants et artisans : les indemnités

Tomber malade quand on est son propre patron, c'est une situation que personne ne souhaite vivre. Pourtant, la maladie peut frapper n’importe quel travailleur indépendant, à tout moment. La différence avec un salarié ? Pas de patron pour maintenir le salaire, pas de service RH pour gérer les formalités liées à l’arrêt de travail. Tout repose sur vos épaules, même quand vous êtes cloué au lit.

La bonne nouvelle, c’est que les travailleurs non-salariés (TNS) ne sont pas abandonnés face à la maladie. Le régime social français prévoit des indemnités journalières spécifiques pour cette catégorie. Le problème ? Ces droits restent largement méconnus. Beaucoup d’indépendants découvrent leur existence au moment où ils en ont besoin, parfois trop tard, après avoir raté des délais cruciaux.

Contrairement aux idées reçues, un artisan ou un commerçant malade peut percevoir une assurance indemnitaire. Certes, les montants ne rivalisent pas avec un revenu d'activité complet, mais cette aide peut faire la différence entre survivre financièrement ou couler. Encore faut-il connaître les règles du jeu de la protection sociale applicable aux TNS.

En résumé

Ce qu'il faut retenir

  • Les travailleurs indépendants peuvent percevoir des indemnités journalières en cas d’arrêt de travail pour maladie, à condition d’être affiliés à la Sécurité sociale des indépendants depuis au moins 12 mois, d’être à jour de leurs cotisations sociales, et de justifier d’un arrêt prescrit par un médecin.
  • Certaines obligations administratives sont cruciales, notamment l’envoi de l’arrêt de travail à la CPAM dans les 48 heures. Sans cela, les droits peuvent être réduits, voire annulés. La procédure peut être dématérialisée via ameli.fr.
  • Pas de contrôle d’horaires à domicile, mais une reprise anticipée d’activité peut entraîner la suspension des versements. Toute amélioration de l’état de santé doit être signalée.
  • Une assurance prévoyance complémentaire est fortement recommandée, surtout pour les TNS avec des charges fixes importantes. Elle permet de pallier la faiblesse relative des indemnisations de base.
L'indemnisation des TNS

Quels sont les droits des indépendants en matière d'arrêt maladie ?

Contrairement aux salariés qui bénéficient d'une couverture automatique via leur employeur, les indépendants relèvent d'un régime spécifique. La protection sociale existe bel et bien, mais elle fonctionne selon ses propres règles. Comprendre ces droits permet d'éviter les mauvaises surprises et de maximiser ses chances d'indemnisation en cas de maladie.

Les conditions d'éligibilité aux indemnités journalières pour les indépendants

Pour percevoir des indemnités journalières, il faut répondre à plusieurs critères. Première condition : être affilié à la Sécurité sociale des indépendants, c'est-à-dire au régime des TNS, depuis au moins 12 mois. Cette règle vise à garantir la pérennité du système. Heureusement, il existe une exception. Si vous étiez salarié auparavant, vos périodes d'affiliation peuvent être prises en compte, à condition qu'aucune interruption de travail n'ait eu lieu entre les deux statuts. Ainsi, un ancien cadre devenu consultant peut bénéficier de droits dès le début de son activité indépendante.

Il faut également être à jour de ses cotisations sociales. Un simple retard peut bloquer l'accès aux droits sociaux, y compris à l'assurance maladie.

Le troisième critère est la prescription médicale. Un arrêt de travail doit être établi par un professionnel de santé, qui en évalue la nécessité et la durée.

Enfin, vos revenus d'activité doivent atteindre un minimum : 4 093,20 € par an après abattement. Ce seuil varie selon l'activité exercée : 71 % pour le commerce, 50 % pour les services artisanaux, 34 % pour certaines professions libérales.

Les éventuelles obligations et contrôles liés à l'arrêt de travail

La CPAM peut mandater un médecin-conseil pour vérifier le bien-fondé de l'arrêt de travail, notamment en cas d'arrêt prolongé. Cette vérification peut se faire à domicile ou en consultation.

Bonne nouvelle : contrairement aux salariés, aucun horaire de présence n'est imposé aux travailleurs indépendants. Vous n'avez pas à rester chez vous à des heures précises. Cette souplesse correspond à votre statut TNS, sans lien de subordination.

Toutefois, toute reprise partielle ou dissimulée de votre activité peut suspendre les indemnités. Cette règle soulève des questions : un freelance peut-il répondre à ses mails ? Un praticien libéral peut-il prodiguer quelques conseils ? Dans le doute, adressez-vous à votre CPAM pour sécuriser votre situation.

Pensez également à déclarer toute amélioration de votre état de santé. En cas de reprise anticipée, le versement des indemnités doit être stoppé pour éviter des versements indus.


Les différents types d'indemnités disponibles pour les artisans et commerçants

Le montant des indemnités journalières est calculé sur la base de 1/730ème du revenu d'activité annuel moyen des trois dernières années. Ce mode de calcul reflète la réalité économique du travailleur indépendant.

En 2025, le plafond annuel de la Sécurité sociale est de 47 100 €. L'indemnité maximale atteint donc 64,52 € bruts par jour. En pratique, un artisan avec 30 000 € de revenu annuel moyen touchera 41,09 € par jour, soit environ 1 230 € par mois pendant son arrêt de travail.
Ce montant ne permet pas toujours de maintenir son niveau de vie. C'est pourquoi une mutuelle santé TNS ou une assurance prévoyance devient essentielle. Elle compense la faiblesse de la base légale et protège contre les aléas de la maladie.

Un délai de carence de 3 jours s'applique systématiquement, sauf exceptions (hospitalisation, affection longue durée, grossesse pathologique...). Les arrêts courts sans hospitalisation ne sont donc pas indemnisés.

La durée maximum d'indemnisation est de 360 jours sur 3 ans. Au-delà, un basculement vers d'autres dispositifs (ex. invalidité) peut être envisagé. Pour cela, une bonne complémentaire santé est souvent indispensable.

Les démarches à suivre en cas d'arrêt maladie

Quand la maladie survient, il faut agir vite. L'énergie et la concentration manquent, mais certaines étapes administratives sont incontournables pour faire valoir vos droits au sein du régime social des TNS.

Quelles sont les démarches administratives pour déclarer un arrêt de travail ?

L'arrêt de travail doit être transmis à la CPAM sous 48 heures. C'est la condition sine qua non pour enclencher les droits sociaux.

  • Il comporte trois volets : un pour le médecin, un pour la CPAM, un pour vous. Ce dernier vous sera utile si vous avez souscrit une assurance prévoyance ou une mutuelle TNS.
  • L'envoi peut se faire par courrier ou en ligne via ameli.fr, ce qui est recommandé pour plus de rapidité et de sécurité.
  • Contrairement aux salariés, vous n'avez pas à transmettre l'arrêt à un employeur. En tant qu'indépendant, c'est à vous de suivre la procédure.
  • En cas de prolongation, un nouveau certificat doit être envoyé dans les mêmes délais.
  • Les indemnités sont versées tous les 14 jours environ. Le premier versement intervient dans la semaine suivant la réception complète du dossier.
  • Préparez vos justificatifs à l'avance : revenus antérieurs, affiliation, cotisations sociales. Ils accélèrent la constitution de votre dossier auprès de la Sécurité sociale des indépendants.

FAQ

FAQ – Questions fréquentes sur l'arrêt de travail pour les indépendants

Quelles démarches un travailleur indépendant doit-il effectuer en cas d'arrêt de travail ?

Transmettre l'arrêt à la CPAM sous 48 heures est prioritaire. Vérifiez que vous êtes affilié depuis 12 mois au régime social des TNS, que vos cotisations sont à jour, et que l'arrêt est médicalement justifié.

Quelles sont les conditions pour percevoir des indemnités journalières lors d'un arrêt de travail ?

Quatre conditions : 12 mois d'affiliation au régime social des indépendants, des cotisations à jour, un arrêt médical valide, et une cessation effective d'activité. Un revenu annuel minimum est également requis.

Quel est le montant des indemnités journalières pour un indépendant en arrêt de travail ?

Il dépend de votre revenu d'activité moyen. En 2025, le plafond est de 64,52 € bruts par jour. Les indépendants peuvent recevoir jusqu'à 360 jours d'indemnités sur 3 ans.

Faut-il une assurance complémentaire pour compenser la perte de revenus lors d'un arrêt de travail ?

Oui. Une mutuelle santé TNS ou une assurance prévoyance permet de maintenir un revenu décent pendant la maladie. Elle peut aussi couvrir les charges fixes et les dépenses liées à votre activité.

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