Quand notre lieu de vie joue un rôle sur notre espérance de vie

Récemment, l’Académie de médecine s’est alarmée sur la situation sanitaire dans les Hauts-de-France. Elle a constaté une espérance de vie moindre par rapport à d’autres régions françaises. En effet, en moyenne, les habitants de cette région vivent 2 ans de moins que leurs concitoyens. Notre lieu de résidence peut-il alors jouer un rôle sur notre espérance de vie ? Éléments de réponse.

Rôle lieu de vie sur l'espérance de vie

Désertification médicale : un obstacle à la santé

Une baisse significative du nombre de médecins généralistes

À première vue, la France ne manque pas de médecins. En 2017, ils étaient 290 974, soit une hausse de 1,8% par rapport à 2016. Cependant, les chiffres montrent que la proportion des médecins ayant une activité régulière a lui reculée de 10 points depuis 2007. De plus, alors que le nombre de médecins spécialistes augmentent, celui des généralistes déclinent dangereusement, une baisse de 9,1% depuis 2007. Préoccupant quand on assiste à l'augmentation constante de la population d'année en année.

Le cas de la région Hauts-de-France

Outre cet appauvrissement médical, la répartition des médecins en France pose également problème. Une corrélation peut être établie entre l'espérance de vie et la désertification médicale. En effet, en France, l'espérance de vie est de 79,3 ans pour les hommes et de 85,3 ans pour les femmes. Dans les Hauts-de-France, on s'aperçoit que la densité médicale fait partie des plus faibles du pays avec 339,14 médecins (toutes disciplines confondues) pour 100 000 habitants contre 421 pour le reste du territoire et avec une espérance de vie moindre : 76,98 ans pour les hommes et 83,68 ans pour les femmes.


44,5% de médecins en plus en Provence-Alpes-Côte-d'Azur

À contrario, En Provence-Alpes-Côte-d'Azur, l'espérance de vie est de 79,7 ans pour les hommes et de 85,5 ans pour les femmes, soit respectivement 2,72 ans et 1,82 ans de plus que les habitants des Hauts-de-France. Quand est-il de la densité médicale dans cette région ? Elle est bien supérieure à la moyenne nationale avec 490,12 médecins pour 100 000 habitants. Il y a donc 44,5% de médecins en plus dans cette région que dans les Hauts-de-France.

Après analyse de ces chiffres, la corrélation entre désertification médicale et baisse de l'espérance de vie peut être confirmée. Bien entendu, ce n'est pas le seul facteur explicatif, mais il permet en partie de comprendre les inégalités d'espérance de vie selon le lieu de résidence.

Le lien fort entre défavorisation sociale et espérance de vie

Selon une étude publiée par la revue scientifique britannique « The Lancet », une personne vivant dans des conditions socio-économiques défavorables perdrait 2,1 années par rapport à une personne vivant dans des conditions beaucoup plus favorables. Comment peut-on expliquer ce constat ?

Défavorisation sociale : définition

Voici une définition claire permettant de comprendre le lien entre défavorisation sociale et espérance de vie : le statut socio-économique et donc la défavorisation sociale qui en résulte peut-être définie comme un résumé d'une exposition permanente à des conditions (éducation, revenu, travail, etc.) et à des comportements dangereux (consommation d'alcool, de tabac, etc.) liés au mode de vie et au lieu de résidence.


Défavorisation sociale : les Hauts-de-France et l'Ile-de-France, des résultats diamétralement opposés

Pour faire le lien entre défavorisation sociale et espérance de vie, il est nécessaire de prendre deux exemples concrets de régions présentant des résultats diamétralement opposés : les Hauts-de-France et l'Ile-de-France.

Infographie lieu de vie et espérance de vie
Pour chaque critère retenu, les signaux sont dans le rouge pour les Hauts-de-France. À contrario, l'Ile-de-France présente de meilleurs résultats par rapport à la moyenne nationale. En comparant ces résultats avec l'espérance de vie moyenne de ces deux régions, on remarque qu'il y a aussi une corrélation entre la défavorisation sociale et l'âge de fin de vie.

La désertification médicale et la défavorisation sociale jouent donc un rôle majeur dans les différences d'espérance de vie selon les régions. Cependant, un autre facteur joue lui aussi un rôle important…

Les effets propres aux territoires

Selon une étude publiée en 2016 par l'Agence Santé publique France, la mortalité liée à la pollution ne cesse d'augmenter. Chaque année, la pollution de l'air est responsable de 48 000 décès en France, cela représente 9% de la mortalité nationale. Cependant, toutes les régions ne présentent pas les mêmes qualités atmosphériques.

Voici un comparatif de la qualité de l'air dans la région Hauts-de-France et dans la région Pays de la Loire pour tenter de faire le lien entre l'espérance de vie et les effets propres aux territoires.

En prenant en compte les données de l'Atmo, la fédération des Association agréée de surveillance de la qualité de l'air (AASQA), on s'aperçoit qu'il y a eu 12 alertes pollution dans les Hauts-de-France contre 3 en Pays de la Loire en 2017.


Pour rappel, l'espérance de vie dans les Hauts-de-France est de 76,98 ans pour les hommes et 83,68 pour les femmes. En Pays de la Loire, elle est de 79,5 ans pour les hommes et de 85,7 pour les femmes, soit une différence de plus 2,52 ans et de plus de 2,02 au profit des Pays de la Loire.

Ainsi, il est également possible d'établir une corrélation entre l'espérance de vie et la dégradation de l'air. Les 3 facteurs que sont la désertification médicale, la défavorisation sociale et les effets propres aux territoires jouent un rôle majeur dans l'espérance de vie. De ce fait, une personne vivant dans les Hauts-de-France aura probablement une espérance de vie moindre par rapport à son voisin breton.