
Le Big Data, que l'on peut traduire en français par "mégadonnées" ou "données massives" est partout depuis quelques temps. Mais à quoi et à qui sert ce "nouvel or noir de la croissance", comme l'appellent certains ?
La notion de Big Data peut être associée à un rapport du Meta Group de 2001, qui identifiait trois dimensions de la croissance des données qu'on appelle les 3 V : le volume, la vélocité et la variété. S'y sont ajoutés ensuite trois autres V : véracité, valeur et visualisation.
Clairement, c'est l'acquisition de données en masse qu'on va ensuite analyser, conserver, stocker, pour enfin les utiliser de plusieurs façons. Elles peuvent être utiles pour la prévision, la simulation, la visualisation, la simulation, l'exploration et la modélisation. On distingue deux types de données: les informations générées passivement et les informations délivrées volontairement sur internet.
Hélas, les données massives ne sont pas encore beaucoup utilisées par les professionnels, même si on estime que la masse de données disponibles dans le monde serait passée de 3 milliards de gigabytes en 1987 à 300 milliards en 2007 (soit une multiplication par 100 en 20 ans). Le cabinet IDC a analysé la productivité du Big Data et a noté qu'environ 5% seulement de la masse des données avaient une utilité en 2013. Cette société estime néanmoins que ce chiffre doublera en 2020.
Car malgré le coût conséquent de la mise en place du Big Data dans une entreprise, certaines sociétés n'hésitent plus à engager des centaines de milliers d'euros dans le process.
Alors, concrètement, qui a eu sa part du gâteau?
En premier lieu, les start-ups et grosses sociétés de l'internet (Google, Ebay, Facebook, LinkedIn) ont porté le phénomène et se sont construites sur ces mégadonnées. Google a notamment développé Hadoop, important outil d'analyse de données. Des sociétés comme Amazon, Netflix, Pandora et Zinga ont tiré profit au maximum des avantages du traitement de ces informations.
Netflix a justement produit sa série à succès "House of Cards" après avoir analysé les données de sa base de clientèle, tandis que Spotify a fait des prévisions pour les Grammy Awards grâce à l'analyse des flux de données.
Ensuite, ce sont les fabricants électroniques et les acteurs du traitement de l'information qui étaient les plus susceptibles de bénéficier de l'accès à de vastes quantités de données.
Mais de grands éditeurs internationaux ou des éditeurs scientifiques et techniques s'y sont mis. De cette façon, beaucoup d'industries créatives se font offrir les services de nouveaux acteurs d'analyse, comme les décideurs du monde du cinéma, de la musique et de l'édition.
Par exemple, Macmillan s'est associé à Next Big Book pour profiter de ses services de traitement des Big Data, et ont développé un tableau de bord afin d'identifier et de suivre les facteurs d'influence sur les ventes de livres. Next Big Sound, dont Next Big Book est une filiale, est un de ces acteurs. Cette société, créée en 2009, analyse et traite toutes sortes de données (provenant de Youtube ou Spotify par exemple) pour 85% de l'industrie de la musique.
De même, United Talent Agency et Rentrak sont des sociétés spécialisées dans les mesures d'audience cinéma et audimat TV, et offrent leurs services à des studios prestigieux, comme Sony Entertainment et 20th Century Fox, qui ainsi peuvent prévoir les tendances.
Mais cette année 2015 devrait voir de nombreuses entreprises sortir de l'attente et prendre aussi leur part du Big Data, comme les secteurs financiers de la banque et de l'assurance, les télécoms, et les biens de consommation. Celles-ci commencent à prendre conscience de la valeur de leurs données pour des prestataires externes, et comptent bien s'en servir pour générer des revenus additionnels. De plus, l'analyse des données de masse les aidera à détecter les anomalies et les fraudes.
Egalement, on verra bientôt le public s'associer au privé : des collectivités et des opérateurs publics vont partager leurs données pour dynamiser leur territoire, améliorer leur qualité de service, et enrichir leurs offres.
Mais le Big Data a bien d'autres fins, multiples. Quelles sont-elles ?
D'abord, le Big Data a son utilité certaine en entreprise. Selon le PDG de Visionnary Marketing et d'Agence Conseils pour Business & Decision, Yann Gourvennec, le Big Data permet d'écouter, de détecter les tendances, et d'analyser sa e-réputation, ainsi que de détecter les bad buzz, et d'identifier les influenceurs. Il ajoute qu'il donne l'opportunité de démocratiser le marketing 1to1 (réservé avant aux grandes entreprises), de marketer différemment via le Marketing de l'incertitude (au lieu d'un Marketing de la certitude qui cible un segment donné et connu) afin de développer de nouvelles techniques et de faire évoluer le métier du marketeur, le rendant plus rationnel.
Plus généralement, croiser plusieurs types d'informations et les analyser permet de mieux appréhender les besoins des consommateurs et ainsi leur proposer des services personnalisés. En soi, c'est un moyen, et non une fin. Il faut donc avoir un objectif précis de l'utilisation que l'on va faire des données avant de se lancer dans le Big Data. Par exemple, l'armée américaine a pris le parti d'utiliser ses données de recensement des soldats ayant effectué un séjour en hôpital psychiatrique, pour déceler les risques de suicide, présents chez 5% des soldats, et ainsi leur porter l'attention nécessaire.
Prédire les crimes, les suicides, les fraudes, ou les comportements d'achats... le Big Data a de multiples utilités, et servira de nombreuses entreprises, jusqu'à devenir un outil incontournable...
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