Le mot « drone » évoque à beaucoup les drones militaires, les combats et bombardements, mais ces petits bijoux de technologie représentent également un potentiel extraordinaire pour le domaine médical, en France comme dans le monde entier. Tour d’horizon des projets futurs et de ce qui existe déjà.

Les drones médicaux permettent d'atteindre des zones difficiles d'accès en cas de catastrophes naturelles, et sont plus maniables et moins coûteux que des hélicoptères. Très rapides, ils permettent surtout de venir au secours d'une personne en difficulté dans un délai très court. Livraison de médicaments, drone-ambulance, transport d'organes, les drones vont-ils révolutionner les premiers secours et le milieu médical ?
Bordeaux : livraison médicale par drones déjà en phase de test
L'emploi d'un drone à visée médicale ne tient pas de la science fiction, loin de là. Le système est actuellement testé en France dans le cadre de la livraison de matériel de santé aux CHU de Bordeaux. L'engin est censé faciliter le transport d'urgence de produits de santé, médicaments, prélèvements biologiques et même d'organes entre les hôpitaux à la place des navettes.
Plus rapide, le drone survole facilement les embouteillages pour parvenir à bon port et assure la bonne conservation des produits grâce à un packaging isotherme.
Le consortium Drones For Life, composé des CHU de Bordeaux et de plusieurs entreprises (Sysveo, BeTommorow, Abbott, DSAC-SO et AETOS) est à l'origine de cette innovation. Les drones ne sont pas pilotés manuellement mais de manière automatique et suivent un couloir aérien prédéfini. Si tout se passe bien, les drones seront commercialisés en Europe pour 2017.
La révolution des drones-ambulances aux Pays-Bas
Il faut parfois jusqu'à dix minutes aux secours pour atteindre une personne qui a fait un arrêt cardiaque, un laps de temps important lorsque l'on sait que la mort cérébrale intervient entre quatre et six minutes après l'arrêt cardiaque. C'est pour tenter d'y trouver une solution qu'un jeune néerlandais de 23 ans a mis au point un prototype de drone muni d'un défibrillateur et prêt à décoller à tout moment pour atteindre la victime en une à deux minutes.
Le principe est simple mais astucieux : il faut d'abord qu'un passant, témoin du malaise, compose le 112, le numéro d'urgence européen. Après qu'il ait expliqué la situation à l'opérateur le drone décolle et utilise le GPS du téléphone pour rejoindre rapidement (100km/h) le passant. Une fois posé il peut être transporté facilement jusqu'à la victime, si elle est dans un bâtiment par exemple, et l'opérateur pourra donner les instructions au patient grâce à la caméra, aux micros et aux haut-parleurs du drone.
Les drones médicaux dans le reste du monde
L'Europe n'est pas le seul endroit où les drones commencent à être utilisés à des fins médicales. Depuis environ cinq ans les initiatives du genre ne cessent de se multiplier. L'Etat Rwandais projette d'utiliser les drones en partenariat avec la start-up Zipline pour la livraison de matériel et produits médicaux à des populations rurales disposant de peu d'infrastructures. Les engins sont cette fois plus imposants, pèsent entre 10 kg et 100 kg selon le modèle, peuvent atteindre jusqu'à 120 km d'autonomie et ressemblent à de petits avions miniatures qui délivrent leur paquet avec un parachute.
Les drones peuvent aussi être utilisés pour repérer les personnes en danger suite à une catastrophe naturelle, comme c'est le cas du eBee, petit drone de 700 grammes développé par une entreprise Suisse et déployé pour la première fois aux Philippines après le passage du typhon Haiyan en 2013. À Madagascar, les drones sont utilisés depuis fin juillet 2016 pour le transport d'échantillons afin de pouvoir procéder rapidement aux analyses, diagnostiquer les maladies graves et agir en conséquence.
Autre révolution, le fabricant chinois Ehang travaille main dans la main avec une entreprise américaine spécialisée dans la biotechnologie et la réparation d'organes, Biotechnology, sur l'EHang 184, un aéronef sans pilote ressemblant à un hélicoptère pour le transport d'organes artificiels et de personnes. Il mesure donc deux mètres, pèse 200 kg et peut transporter jusqu'à 100 kg de charge. Le but, à terme, est de créer un réseau de quadricoptères autonomes.
Alphabet (Google) a déclaré œuvrer lui aussi à l'élaboration de drones médicaux capables de livrer du matériel de premiers secours en Amérique mais aussi dans les zones de conflit. Certains des concepts de drones présentés pourraient même réaliser de petites interventions comme l'injection d'insuline. La commercialisation serait prévue pour 2017.
UAViators, le réseau des pilotes de drones humanitaires
Après le passage du typhon Haiyan et le manque de coordination des pilotes de drones, Patrick Meier, expert dans les technologies humanitaires, a décidé de fonder le Humanitarian UAV Network le « Réseau des pilotes de drones humanitaires ». Il s'agit pour ces pilotes civils et amateurs de faciliter les opérations de sécurité, le partage de l'information, la coordination des secours et efforts humanitaires en évaluant les dégâts, en identifiant les routes praticables, en recherchant des victimes… Les normes développées par le réseau UAViators ont pour but le respect de la légalité, de la sécurité mais aussi de la vie privée des sinistrés. Pour plus d'informations, rendez-vous sur le site uaviators.org.
Quelle place pour les drones à l'avenir ?
Si les drones médicaux apportent des solutions à de nombreux problèmes, ils coûtent encore très chers : le drone-ambulance néerlandais vaut par exemple 15 000 $ pièce, beaucoup trop pour envisager un déploiement à travers tout le pays. Il est aussi nécessaire de revoir la législation en vigueur afin de permettre le vol des drones : Amazon a par exemple proposé aux autorités américaines la création d'une « autoroute céleste » réservée aux drones et comprise entre 60 et 120 mètres. En France la législation encadre le vol des drones civils, en revanche rien n'est pour le moment prévu pour celui des drones médicaux.