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Plusieurs acteurs de renom se sont lancés dans la construction de véhicules autonomes. Entre les constructeurs automobiles et les spécialistes des nouvelles technologies, il est intéressant de se demander s’ils doivent obligatoirement faire des partenariats, et de savoir quelles différences d’objectifs entre un acteur du web et un constructeur automobile.

Du côté des constructeurs
BMW, Audi, Renault, PSA, Ford, General Motors… la liste des constructeurs lancés dans les véhicules autonomes est bien longue. Les nouveaux acteurs comme Tesla ou Faraday Future sont aussi de la partie. Ces entreprises travaillent sur les véhicules autonomes grâce à leur service de recherche et développement, mais également par l'acquisition de start-ups spécialisées ou grâce à des partenariats avec ces dernières.
Pour prendre l'exemple de Ford, le constructeur américain a doublé les effectifs de son centre de recherche pour atteindre les 600 ingénieurs. L'entreprise a également injecté plus de 130 millions d'euros, en partenariat avec Baidu (entreprise chinoise), dans la société Velodyne. Cette dernière est spécialisée dans les capteurs, éléments indispensables de la voiture autonome. «Ces capteurs complètent le radar et les caméras des véhicules autonomes» indique Raj Nair, responsable chez Ford. En parallèle, le constructeur américain a scellé plusieurs partenariats avec d'autres sociétés : Niremberg Neuroscience (expert en intelligence artificielle), Civil Maps (cartographe) et Pivotal (start-up informatique).
Tous ces investissements et partenariats ont pour objectif de pouvoir créer des voitures autonomes de niveau 5 (donc sans aucune intervention humaine) : «nous produirons en série des véhicules capables de circuler de manière totalement autonome d'ici cinq ans. Pas de volant, pas de pédale d'accélération, pas de pédale de frein» informe Mark Fields, ancien PDG de Ford.
L'objectif principal des constructeurs historiques est de ne pas seulement être des fournisseurs de véhicules au sens propre du terme. D'autant plus que les acteurs comme Tesla, Google, Baidu, Uber et d'autres misent beaucoup sur les véhicules autonomes et ont une longueur d'avance grâce à leur savoir-faire technologique.
Les acteurs du web
Comme les constructeurs, les acteurs du web ont aussi pour objectif d'entrer sur le marché des voitures autonomes. En effet, les opportunités sont immenses pour eux. Il est à noter que les constructeurs automobiles se méfient particulièrement de ces nouveaux entrants : « Google, Apple et Uber apportent des risques très différents pour l'industrie. A priori, ils "mangeront" sans doute chacun une partie des profits des constructeurs, sans se concurrencer réellement entre eux » indique Hadi Zabli, spécialiste auto au cabinet BCG.
Amazon, qui ne cesse d'innover dans la livraison de ses produits (comme avec les drones), espère utiliser les véhicules autonomes afin de proposer des robots-livreurs et ainsi rendre les délais de livraison encore plus rapides. Google joue lui sur deux terrains : d'un côté, il dispose d'un prototype de voiture autonome, et de l'autre, l'entreprise américaine a une grande expertise des logiciels permettant de rendre un véhicule autonome. Le leader des moteurs de recherche pourrait donc équiper des constructeurs partenaires comme General Motors. Cette seconde solution semble être la priorité du géant du web, préférant apporter sa technologie que ses automobiles.
Uber, à l'instar de son concurrent Lyft, veut proposer des voitures autonomes en libre-service (système comparable au Vélib'). Pour mener à bien cette opération, Uber a massivement investi dans la recherche et le développement et a procédé à quelques partenariats, notamment avec des universités. Mais le poids-lourd d'internet est l'un des rares à vouloir marcher plutôt seul et veut développer, en interne, sa propre intelligence artificielle.
Baidu, le frère chinois de Google, travaille d'arrache-pied sur les véhicules autonomes. En 2015, l'entreprise avait déjà réussi à faire circuler en toute autonomie une BMW. Celle-ci avait roulé à Pékin sur 30 kilomètres. Baidu avait alors déclaré : « La voiture a montré une autonomie complète sur la totalité de la route et a exécuté avec succès des manœuvres de conduite, dont les virages à droite et à gauche, les demi-tours, la décélération quand un véhicule est repéré devant, le changement de voie, le dépassement d'autres voitures et l'entrée dans le trafic routier via les voies d'insertion ». Le groupe chinois semble donc bien avancer dans cette technologie.
Apple aurait quant à elle laissé tomber l'idée de proposer un véhicule autonome. La marque à la pomme s'intéresserait uniquement à la technologie rendant une voiture autonome, et ne souhaiterait pas proposer de véhicules à proprement parler. Apple veut surement faire cavalier seul ou presque, et doit donc se cantonner à la technologie.
D'autres acteurs
Bosh et Nvidia (spécialiste de la carte graphique) ont décidé de s'associer afin de « développer des systèmes d'intelligence artificielle pour la conduite autonome à destination des voitures pour les particuliers » selon leur communiqué. Même si ce partenariat vise plus la mise en place d'une technologie pour des voitures autonomes de niveau 4 et donc pas complètement autonomes : « le système de bord pour automobile basé sur l'IA fourni par Bosch s'appuiera sur la prochaine génération de la technologie de Nvidia, Drive PX, avec Xavier, la future superpuce pour voiture fondée sur l'IA, et par ailleurs tout premier processeur monopuce au monde conçu pour atteindre la conduite autonome de niveau 4 ». Nvidia avait quant à lui déjà travaillé avec Tesla et Baidu.
Intel vient de racheter Mobileye, entreprise israélienne spécialisée dans les capteurs pour voitures autonomes. Cette dernière avait déjà séduit plusieurs entreprises : PSA, BMW, Volkswagen, Renault-Nissan… Intel a donc frappé fort en faisant cette acquisition pour la somme de 14,3 milliards d'euros. « Ce n'est pas Mobileye qui rejoint Intel, c'est la division automobile d'Intel qui intègre Mobileye » précise l'entreprise israélienne, qui a noué des alliances avec l'équipementier Delphi et le cartographe Here.
Par ailleurs, les experts des télécommunications, Cisco et Huawei en première ligne, s'intéressent également aux véhicules autonomes. Pour Jean Boschat, associé du cabinet AT Kearney, spécialiste des transports, il n'est pas étonnant de voir divers acteurs se bousculer au portillon : « une voiture, aujourd'hui, c'est du matériel et du logiciel. Mais dans la voiture de demain, il y aura aussi du contenu, un nouveau créneau dans lequel l'investissement est faible et les marges sont fortes ». Certaines entreprises devraient finir par disparaître du paysage des voitures autonomes, au profit d'autres qui auront su profiter pleinement de ces nouvelles opportunités.
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