Si d’aucuns estiment que l’arrivée et la vulgarisation des voitures autonomes conduiraient à la disparition pure et simple de l’assurance automobile, du fait notamment de la baisse drastique annoncée de la sinistralité automobile, il semblerait que ce ne soit pas ce qui est prévu par les assureurs, qui ont décidé de s’adapter.

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Ce que la voiture autonome changera pour les assureurs

L'évolution de la garantie « responsabilité civile »

A ce jour, aucune législation n'est prévue concernant les voitures autonomes. Cette absence de règles nourrit les incertitudes de tous côtés et les assureurs ne sont pas épargnés. La grande question reste toujours celle de la responsabilité civile en cas d'accident de la circulation. En effet, même s'il est prévu que le nombre d'accidents diminue de façon significative avec ces nouvelles voitures, il y en aura toujours. Rappelons que le contrat d'assurance automobile est avant tout un contrat d'assurance de responsabilité civile.

Près de 90% des accidents seraient causés par une erreur humaine. Par conséquent, il est prévu que l'usage de véhicules autonomes conduirait à éviter plus de 55 000 accidents, 3500 décès et 30 000 blessés par année. Pour l'Etat, cela représente une économie de près de 4 milliards d'euros.


Ce n'est donc pas la fin de l'assurance automobile mais bel et bien le début d'une nouvelle ère assurantielle. En effet, les compagnies d'assurance vont devoir s'adapter à plusieurs points. Le marché de l'assurance automobile représente actuellement un peu plus de 20 milliards d'euros. Les assureurs ne comptent pas attendre le législateur et essaient d'anticiper les futurs enjeux afin de préserver leurs marges.

Le conducteur risque à l'avenir de devenir un acteur passif. En cas de sinistre en mode autonomie, les assureurs devront désormais se tourner vers le constructeur du véhicule autonome, les fournisseurs des équipements informatiques ou vers les concepteurs des algorithmes de son ordinateur de bord pour expliquer et comprendre les causes de responsabilité.

Qui sera l'assuré ?

Cette éventualité transformera le titulaire de l'assurance automobile. En effet, si ce sont les industriels qui doivent être tenus responsables d'une éventuelle défaillance du véhicule, ce seront donc également eux qui seront les assurés directs. La question est de savoir s'il faudra prévoir non plus des assurances auto individuelles à la charge du propriétaire conducteur, mais des assurances de flotte automobile directement à la charge des constructeurs.

Cette nouvelle perspective conduirait à une association entre les différents assureurs et les constructeurs et autres intervenants. Surtout que certains constructeurs, tels que Volvo ou Mercedes, ont déjà déclaré vouloir assumer la responsabilité des dommages en cas d'accident impliquant une de leur voiture autonome.


De plus, il est prévu que l'arrivée des voitures autonomes modifiera la notion même de propriété. L'auto-partage deviendrait la norme et de ce fait, la pluralité d'utilisateurs du même véhicule. Enfin, le recours à des systèmes de location et de leasing va également se développer. Qui devrait alors souscrire une assurance pour une voiture utilisée par plusieurs personnes ?

Au fur et à mesure, l'assurance auto deviendra un produit attaché au véhicule et non plus au propriétaire et devra correspondre le plus possible aux spécificités de la voiture et pouvoir s'adapter rapidement au gré des besoins du consommateur : changement d'usager, contrat à très courte durée, propriétaires multiples.

Les assureurs devront adapter non seulement leurs canaux de distribution et de souscription mais également la nature et la durée des contrats.

L'apogée de l'assurance cyber-risque

Pour finir, de nouveaux risques feront leur apparition tandis que d'autres vont s'aggraver : cybercriminalité, protection des données personnelles, vol du véhicule, etc. Il s'agit, pour les assureurs, d'un nouveau secteur prometteur. Ces derniers devront se positionner sur ces nouvelles problématiques pour mettre en place des garanties adaptées afin de conserver et de fidéliser leur clientèle.

L'assureur XL Catlin, spécialiste mondial des risques d'entreprises, prévoit que le marché de l'assurance automobile passera, avec les voitures autonomes, d'un modèle B2C à un modèle B2B. En clair, ce ne sont plus les particuliers qu'il faudra assurer mais les sociétés de développement des logiciels et les constructeurs contre les cyber-risques.


« Ainsi les compagnies d'assurance qui tireront leur épingle du jeu lors de la commercialisation des voitures autonomes seront celles qui sont, à l'heure actuelle, capables d'assurer les constructeurs, les développeurs d'algorithmes ainsi que les cyberattaques. ».

L'apparition de nouvelles offres adaptées à l'autonomie

Avec la commercialisation ces dernières années des voitures connectées et semi-autonomes, les assureurs commencent à adapter leurs offres à ces nouveaux véhicules.

Ainsi, depuis juillet 2016, Allianz France a décidé de lancer des offres d'assurance automobiles spécifiques. Cette offre prévoit une garantie vol renforcée, une assistance personnalisée et une protection juridique étendue. La garantie vol renforcée, permet, en cas de vol à distance, d'être indemnisé.

La plupart des garanties vol actuelles exigent la présence matérielle de l'infraction. Or, en cas de mouse jacking, le voleur n'a pas besoin de fracturer la voiture. Allianz a donc décidé de s'adapter dès maintenant et de couvrir ce type de vol ou de tentative de vol suite au simple piratage du système informatique.

La nouvelle garantie « Protection juridique Automobile » apporte une meilleure protection au conducteur en cas de piratage. Elle prévoit une assistance juridique adaptée en cas de vol des données ou de défaillance de système. Elle tend donc à couvrir les risques de cybercriminalité et les litiges de l'assuré avec le constructeur automobile, le concepteur des logiciels ou encore le hackeur en cas d'identification.


Depuis son lancement, il y a moins d'un an, il y a eu 3000 contrats souscrits soit 8% des véhicules semi-autonomes actuellement en circulation. Rappelons que la souscription de cette offre et l'utilisation d'un véhicule de ce type entraînent une réduction de la prime d'assurance de près de 25%.

L'assurance automobile ne va donc pas disparaître mais se transformer dans les années qui viennent, à charge pour les compagnies d'assurance de suivre les diverses évolutions à venir.

De plus, il ne s'agirait pas de l'unique secteur pouvant être impacté par les voitures autonomes. A leur arrivée, elles toucheront également les infrastructures routières et donc les collectivités et municipalités locales, ainsi que les services de taxis et de locations, de voyages et de logement saisonnier.