L’Europe fixe l’échéance du passage au tout-électrique pour l’industrie automobile à 2035. Alors que la décision doit être prise dans les prochains mois, la France plébiscite son report pour 2028. Le gouvernement invoque un délai trop court pour l’amortissement des suppressions d’emploi imposées par ce choc technologique. Toutefois, ses chances d’obtenir gain de cause sont minimes, surtout sans le soutien de l’Allemagne.

La France appelle au report de la prise de décision à 2028
Dans la feuille de route proposée par la Commission européenne figure la diminution de 55 % du volume de CO2 rejeté par les véhicules neufs d'ici à 2030. Ensuite, à compter de 2035, les voitures dotées d'une motorisation thermique seront interdites à la vente. Si la première échéance semble avoir été acceptée par tous les pays, la conversion au tout-électrique en 2035 suscite de nombreuses contestations, notamment côté français.
Pour le ministre de l'Économie,
Exiger une transformation aussi radicale pour l'automobile est une folie
Alors que
L'hybride et l'hybride rechargeable représentent des réponses pertinentes.
Le gouvernement soulève la difficulté pour les acteurs de la filière d'amortir les dizaines de milliers de suppressions d'emploi causées par le basculement vers le 100 % électrique.
L'Exécutif, soutenu par le lobby du secteur, la Plateforme automobile (PFA), réclame par conséquent le report de la prise de décision par Bruxelles en 2028.
Marc Mortureux, directeur général de PFA, se défend de remettre en question la trajectoire européenne. Toutefois, il juge « très risqué » de clore le débat quand des questions essentielles restent en suspens :
- l'essor suffisant du réseau pour satisfaire la demande,
- la capacité de l'Europe à fournir la quantité d'électricité décarbonée requise.
La PFA propose ainsi une « clause de revoyure », estimant que
Quelques années supplémentaires sont nécessaires pour avoir la certitude que toutes les conditions sont réunies.
Certains pays prévoient le passage au tout-électrique dès 2030
Il reste à savoir si ces arguments seront entendus lors des négociations sans le soutien de l'Allemagne, qui a récemment déclaré « soutenir les propositions de la Commission ». En outre, certains pays voisins, comme la Belgique ou les Pays-Bas veulent avancer l'interdiction des voitures thermiques à 2030. De nombreuses marques comme Renault, Peugeot, Citroën, Fiat ou encore Volvo les rejoignent sur ce terrain, annonçant programmer la vente exclusive de modèles électriques sur le marché européen à partir de 2030.
Selon un expert,
Les constructeurs choisissent cette position, entre autres pour préserver leurs intérêts en Bourse.
Il ajoute néanmoins que
Ces derniers n'ont pas encore totalement enterré la thermique, à en juger par leur intérêt pour la future norme Euro 7 relative à cette technologie.
Dernier problème, et non des moindres, l'acceptation publique du calendrier d'électrification mis en place par Bruxelles pénalise les industriels désireux de l'étendre, ainsi que des acteurs pas toujours visibles comme les équipementiers et les sous-traitants. D'autres sont déjà en ordre de marche, comme les assureurs, qui adaptent leur offre d'assurance voiture aux nouveaux enjeux de la filière.