À cause de la pandémie du Covid-19, les ventes de voitures neuves ont chuté de 88 % en France au mois d’avril après une première baisse marquée en mars. L’impact devrait s’étendre à 2021. Pour soutenir l’ensemble de la filière automobile, le gouvernement doit incessamment proposer un plan spécifique.

Plan de relance centré sur le « vert » en préparation
Selon certains économistes spécialistes de la branche automobile,
L'effet de repli d'un point de PIB est quadruplé pour le secteur.
Ainsi, si la baisse de 10 % estimée pour cet indicateur économique est avérée, elle se traduira sur ce marché par un ralentissement de l'activité de l'ordre de 30 à 40 %, affectant par extension les marchés du crédit et de l'assurance auto.
Bercy a ainsi annoncé la mise en place d'une aide publique spécifique, qui devrait être présentée rapidement. Pour Luc Chatel, président de la plate-forme automobile (PFA), des mesures urgentes s'imposent, qui couvriraient tous les métiers, ce afin d'éviter des défaillances d'entreprises massives.
Or, le ministère de l'Économie et des Finances entend cibler son action sur les véhicules non polluants.
Il envisage notamment d'inclure parmi les bénéficiaires des primes les voitures de société hybrides rechargeables. Marie Chéron, responsable mobilité à la fondation Nicolas Hulot, ajoute que
Les acteurs de l'auto-partage, de la recharge électrique, etc. doivent être intégrés à la transition vers la décarbonation.
Renault au centre de toutes les attentions
Renault, qui a obtenu l'accord du gouvernement pour un prêt garanti par l'État de cinq milliards d'euros, est surveillé de près, certains lui reprochant son absence d'implication dans la création d'une filière des batteries en Europe.
D'ailleurs, le constructeur est déjà dans le collimateur de Bercy à cause de son bilan 2019 négatif, dû selon Bruno Le Maire à la « surcapacité de ses sites » dans un contexte de forte concurrence sur les volumes.
Désormais, l'État doit relever un double défi : rendre au groupe sa compétitivité et sa rentabilité tout en poursuivant la démarche de décarbonation. À ce titre, l'appareil de production de l'entreprise devrait être prochainement réajusté.
Un plan dont l'efficacité est déjà remise en question
Avant même sa présentation, le plan dédié aux véhicules électrifiés ne fait pas l'unanimité. Selon Bernard Jullien, compte tenu du niveau des ventes par rapport aux modèles à motorisation thermique,
Une croissance de 100 % ne suffirait pas à sauver toutes les entreprises et leurs milliers d'employés.
L'économiste se montre par ailleurs sceptique quant à l'efficacité d'un soutien à la demande, qui pourrait encourager les importations au lieu d'avoir des retombées positives sur la production. Par exemple, les Clio et Peugeot 208, qui sont des best-sellers en France, sont aujourd'hui assemblées à l'étranger.
Jean-Marie Robert, secrétaire national de la fédération générale des mines et de la métallurgie CFDT, plébiscite pour sa part l'instauration d'un « label origine France » dédié à l'industrie automobile. Il réclame ainsi
La fabrication d'au moins la moitié des véhicules électriques sur le sol français afin de leur garantir un volume d'activité suffisant.