Les chiffres du marché des voitures neuves en France ont encore une fois déçu. Après un bilan noir en 2020, l’année 2021 s’est terminée avec seulement 1,6 million de ventes, un seuil historique. C’est ce que révèle la Plateforme automobile, groupement des constructeurs, équipementiers et sous-traitants. À l’inverse, le secteur de l’occasion s’affiche en excellente santé.

En effet, alors que 2?214 millions de véhicules neufs ont été immatriculés en 2019, ce nombre est tombé à 1,650 million l'an dernier, puis 1,659 million en 2021. Bien qu'en hausse de 0,54 %, les chiffres restent nettement inférieurs à ceux d'il y a deux ans.
En 2020, la chute des ventes (- 25,5 % sur un an) a été attribuée principalement à la fermeture des usines et des concessions en raison du confinement. Mais en 2021, avec la levée des restrictions, l'économie a enregistré une amélioration de 7 %, sans impact positif sur la filière automobile et alors que la demande reste importante. Au contraire, après un démarrage encourageant, l'activité a commencé à décliner en juin, et en décembre, les chiffres étaient inférieurs de 15,1 % à leur niveau de l'année précédente.
Les principales causes de la faiblesse inédite de l'offre
Car entretemps, les problèmes se sont multipliés. La pénurie de semi-conducteurs s'est aggravée alors que la crise sanitaire persiste, entraînant le ralentissement, voire l'arrêt de certaines chaînes de montage. Faute de quantités suffisantes, les constructeurs priorisent les modèles haut de gamme pour recevoir ces composants électroniques essentiels. En effet, cette stratégie leur permet de préserver leurs marges et leur rentabilité. L'approvisionnement en matières premières comme l'acier et le plastique est également perturbé, et le retour à la normale n'est pas attendu avant la deuxième moitié de 2022, à condition que la situation se stabilise.
Selon les experts,
Les prix des modèles neufs, qui ont crû de 7?000 euros en moyenne au cours de la précédente décennie, représentent un autre frein majeur.
Les ménages hésitent à investir de gros montants dans l'acquisition d'une voiture, d'autant que l'âge moyen des acheteurs est de 55,3 ans. Il faut également tenir compte de la confusion entre les différents types de motorisations, thermique, hybride ou électrique.
Les stocks de véhicules neufs ont ainsi atteint un niveau bas historique. Les concessionnaires annoncent « des délais de livraison allongés à 6, voire à 8 mois » et risquent même de se séparer d'une partie de leur personnel avant la fin du premier trimestre. Ces difficultés ont largement bénéficié au secteur de l'occasion, en hausse de 8 % avec 6 millions de transactions. Une bonne part de ces véhicules ayant changé de propriétaire sont âgés de plus de cinq ans.
Progression notable des hybrides, électriques, SUV et tout-terrain
Dans le détail du palmarès des ventes, Stellantis (PSA et FCA) fait la course en tête avec 33,8 % de parts du marché (- 1,5 point), en excluant les utilitaires, et ce malgré 3,7 % d'immatriculations en moins. Renault a perdu 4,1 % de volumes et ne détient plus que 23,9 % du marché hexagonal (- 1,1 point). Volkswagen, numéro un parmi les constructeurs étrangers, s'en sort mieux avec 7,9 % de ventes en plus et 13,3 % de parts de marché (+ 0,9 point), tout comme le sud-coréen Hyundai. En revanche, le bilan est mitigé pour Ford, Nissan et Opel.
Les modèles thermiques résistent à la crise avec 40 % des volumes pour l'essence et 21 % pour le diesel, qui perd du terrain. En revanche, on assiste à une montée en puissance des hybrides (25,8 % du marché, en hausse de 11 points) et des électriques (9,8 % en progression de 3,1 points), notamment grâce aux performances de Tesla et malgré la dépense plus élevée pour l'achat et l'assurance voiture obligatoire. De même, la part des SUV et des tout-terrains augmente (43 %), au contraire des berlines (49 %).