Des chiens sont déjà utilisés pour dépister divers types de cancers (sein, prostate, etc.). Le professeur Dominique Grandjean, de l’École Vétérinaire de Maisons-Alfort, a donc eu l’idée de recourir à ces animaux pour détecter le SARS-CoV-2, à l’origine du Covid-19. Cette expérience vise à déterminer si la maladie virale dégage une odeur spécifique à travers la sueur.

Le chien est capable d'apprendre de nombreux ordres et d'adopter des réflexes face à ces derniers. Les souscripteurs d'assurance chien le savent très bien. C'est la raison pour laquelle cet animal sert dans de nombreuses activités (chasse, sauvetage, détection de stupéfiants, etc.).
Récemment, Dominique Grandjean, qui dirige le service vétérinaire des Pompiers de Paris a entamé un test pour savoir si les chiens peuvent dépister le coronavirus. Il s'agit de canidés déjà habitués à rechercher des personnes, des explosifs, etc. L'expérience consiste à leur faire renifler un échantillon de sueur d'un patient contaminé par la maladie. Aucun traitement ne lui a encore été administré pour éviter une interférence des odeurs.
Une méthode de dépistage pratique et peu coûteuse
Les pathologies virales présentent le plus souvent une odeur que des chiens dressés sont capables de reconnaître. S'il s'avère que c'est également le cas du Covid-19, il est possible de former des canidés pour dépister cette maladie. D'ailleurs, des chercheurs britanniques explorent déjà cette piste.
En France, le professeur Grandjean a procédé à des essais similaires. Il estime que les chiens peuvent être formés en 5 à 10 jours. De ce fait, les résultats seront disponibles dans plusieurs semaines et sont susceptibles d'être probants.
L'Hexagone possède déjà près de 3 000 chiens renifleurs. Ils pourraient être mis à contribution dans l'identification des individus infectés par le coronavirus dans les lieux publics tels que les aéroports ou encore les gares.
Le professeur Grandjean précise :
Ce serait un outil de dépistage en plus, pas le seul bien sûr, mais vu le nombre de tests qu'il va falloir effectuer après le déconfinement, on sera peut-être bien content d'avoir ces chiens. On ne les aura pas pour le 11 mai, mais on peut espérer, si ça marche, les rendre opérationnels dans les semaines qui suivront.
Le premier avantage de cette solution réside dans son coût. En effet, elle ne nécessite pas d'investissements massifs. Par ailleurs, le dépistage canin s'avère particulièrement sûr. Dans le cas des cancers par exemple, la fiabilité avoisine les 100 %. En revanche, elle n'est que d'environ 70 % avec les tests PCR employés dans la recherche du Covid-19.
Une piste prometteuse
Le premier essai a eu lieu à Paris durant la dernière semaine d'avril 2020. Il a porté sur 4 chiens de pompiers déjà dressés au dépistage olfactif. Ils ont notamment été entraînés à rechercher des personnes ainsi qu'à identifier et à mémoriser l'odeur de drogues ou d'explosifs. Face à des effluves familiers, ils se mettent à aboyer ou à se coucher.
Depuis le 1er mai dernier, l'expérience a été réalisée avec d'autres canidés travaillant avec des pompiers et des gendarmes à Ajaccio (Corse-du-Sud). Concrètement, il s'agit d'ajouter l'odeur du coronavirus à celles avec lesquelles ces animaux sont déjà accoutumés. Le professeur Grandjean explique :
Un chien qui fait de la recherche d'explosifs est déjà initié à une quarantaine de molécules, si on rajoute le Covid, ça n'en fera finalement pour lui qu'une 41ème à assimiler, c'est dans ses cordes, on n'a pas besoin de reprendre tout le travail de mémorisation depuis le début […].
La formation est donc très rapide, comme l'ajoute le spécialiste. Encore faut-il que le SARS-CoV-2 implique des molécules spécifiques qui se retrouveront dans la sueur. Pour l'heure, les experts en sont encore au stade expérimental. Comme l'indique le professeur Grandjean :
On le présume, mais même si ça semble logique, on n'est encore sûr de rien, car il n'y a pas eu de publications là-dessus.
En tout cas, ces tests suscitent l'attention. La Belgique, les Émirats arabes unis ou encore le Maroc ont déjà approché le professeur Grandjean pour s'informer davantage sur son projet.