En mars 2019, le procureur de la République de Cahors, Frédéric Almendros, a initié un programme expérimental consistant à faire intervenir un chien pour rassurer les victimes. Face au succès de cette initiative, le magistrat souhaite l’élargir dans l’ensemble du pays. Il a récemment remis un rapport à ce sujet. Son projet est soutenu par Huguette Tiegna, députée du Lot.

L’expérience menée avec le premier chien d’assistance judiciaire en France est concluante

Les souscripteurs d'assurance chien connaissent certainement le côté rassurant et bienveillant de ce canidé, notamment pour les enfants. Frédéric Almendros a voulu exploiter cette particularité pour soutenir les victimes d'infractions pénales, notamment en facilitant leur témoignage devant le tribunal.

Lol est le tout premier chien d'assistance judiciaire dans l'Hexagone comme en Europe. Sa fonction est inspirée de celle des courthouse facility dogs retrouvés aux États-Unis. Le labrador a déjà été sollicité dans une trentaine d'affaires pour aider des personnes de 3 à 90 ans. Le procureur de la République de Cahors souligne que cette race de chien a pour avantage de développer moins de protéines allergènes pour l'être humain.


Une expérience qui suscite l'intérêt

Frédéric Almendros explique que l'intervention d'un chien d'assistance judiciaire s'effectue à chaque étape du procès pénal. Le recours à cet animal est censé apaiser les victimes. Le magistrat se félicite du succès de l'expérience menée avec Lol. Il indique que les avocats sont de plus en plus nombreux à solliciter l'intervention du laborador. D'autres juridictions ont également manifesté leur intérêt pour cette solution.

Par ailleurs, le procureur de la République a été approché par des universitaires (des Français, mais aussi des Belges). Il estime que d'ici 3 à 5 ans, 5 à 6 chiens d'assistance judiciaire seront opérationnels à Brest, à Strasbourg, à Lyon, Marseille, en région parisienne, etc. Il ajoute :

Ils seraient hébergés par des partenaires institutionnels et pourraient rayonner sur une région ou le territoire d'une cour d'appel.

Frédéric Almendros souhaite manifestement généraliser le recours à ces animaux dans toute la France. Huguette Tiegna appuie son idée. Un projet de loi y afférent a d'ailleurs été déposé par la députée.

Un large champ d'intervention

Les interventions de Lol devaient essentiellement porter sur les infractions à caractère sexuel. Néanmoins, le chien s'est montré tellement efficace qu'il a aussi été affecté à d'autres types d'affaires (vol, homicide, etc.). Frédéric Almendros explique :

Lol répond à 53 ordres et il ne prend jamais un mot pour un autre. Par exemple, quand on lui dit « cool », il s'allonge de toute sa masse contre la victime et ne bouge plus jusqu'à ce qu'on le lui demande. Et parfois, il anticipe…

Ses prédispositions mises à part, Lol tient ses aptitudes d'une formation financée par la fondation Sommer et donnée par l'association Handi'Chiens. Le magistrat souligne qu'entre 11 et 18 mois et 17 000 à 20 000 euros sont nécessaires pour dresser un chien d'assistance judiciaire.

Après avoir obtenu le label ADI (Assistance Dogs International), le labrador a été remis au service départemental d'incendie et de secours de Cahors. Il intervient au côté de pompiers formés à l'accompagner dès que ses services sont requis.