Des chercheurs finlandais ont récemment mené une étude comportementale inédite et à grande échelle sur les chiens. D’après leurs observations, environ trois quarts de ces animaux domestiques souffrent d’un ou de plusieurs troubles anxieux. Les symptômes et leur gravité peuvent sensiblement varier d’une race à l’autre, incitant ainsi les scientifiques à considérer l’importance du facteur génétique.

Les souscripteurs d'assurance chien sont parfois excédés par l'agressivité, l'impulsivité et les aboiements excessifs de leur compagnon canin. Pourtant, il pourrait seulement s'agir d'un trouble anxieux. D'ailleurs, environ trois chiens sur quatre souffrent de ce type de problème comportemental, selon des travaux publiés récemment par une équipe de l'Université de Helsinki (Finlande).
Les scientifiques ont mené l'enquête auprès de clubs canins et via un questionnaire publié sur les réseaux sociaux. Ils ont ainsi obtenu des informations concernant le comportement de 13 715 chiens, de 3 mois à 17 ans et de 264 races différentes. Les résultats de cette analyse ont ensuite été rassemblés dans Scientific Reports en mars dernier.
La génétique comme facteur déterminant
Au terme de leurs travaux, les chercheurs finlandais tendent à privilégier la piste génétique pour expliquer la prédisposition de certains chiens à l'anxiété et à d'autres troubles du comportement. Ainsi, les schnauzers miniatures sont naturellement plus agressifs et craintifs face à un étranger. Les gènes des labradors retrievers, en revanche, les rendent moins angoissés dans la même situation.
Comme le note le principal auteur de l'étude, Hannes Lohi :
Pris dans leur ensemble, ces résultats suggèrent une composante génétique à ces angoisses, tout comme il y en a chez l'Homme.
Dans une autre étude datant de 2019, des chercheurs ont déjà isolé deux gènes spécifiques associés à la crainte du bruit et des étrangers chez les bergers allemands. Leur rôle se révèle similaire aux gènes identifiés chez les personnes souffrant de problèmes auditifs, de troubles bipolaires et de schizophrénie.
Toutefois, la sociabilité est aussi associée à ces gènes rendant les chiens anxieux, craintifs et sensibles au bruit. De ce fait, l'être humain peut être considéré en partie comme responsable de ce problème comportemental en sélectionnant les races les plus sociables.
Enfin, les facteurs environnementaux et éducatifs ne sont pas totalement à exclure parmi les origines possibles des troubles comportementaux chez ces animaux. Il s'avère que les mâles sont souvent plus agressifs et impulsifs que les femelles. Néanmoins, les propriétaires de chiens peuvent toujours s'informer sur les angoisses propres à chaque race pour déterminer le cadre de vie le plus adapté à leur compagnon.
Les troubles les plus répandus
Les scientifiques finlandais ont constaté que certains troubles étaient très fréquents chez les chiens observés. Dans 72,5 % des cas, les sujets présentaient au moins un des problèmes les plus répandus chez ces animaux de compagnie, à savoir :
- Une hypersensibilité au bruit ;
- Des troubles de l'attention et de l'impulsivité ;
- Un tempérament craintif (peur de l'inconnu, des étrangers, etc.) ;
- Une peur excessive des hauteurs et des surfaces réfléchissantes ;
- Un comportement compulsif (mâchouiller des objets avec acharnement par exemple) ;
- Une agressivité envers les humains (surtout les étrangers et éventuellement la famille) ;
- Une angoisse de la séparation.
La sensibilité au bruit constitue le problème le plus fréquent. Elle affecte en effet 32 % des chiens analysés, toutes races et tous âges confondus. Dans le détail, 17 % des animaux étudiés ont une peur panique des feux d'artifice.
Ce symptôme tend par ailleurs à s'aggraver avec l'âge. Par ailleurs, 15 % d'entre eux craignent les étrangers, 14 % se montrent agressifs, 11 % appréhendent les changements et les environnements inconnus et 6 % s'infligent eux-mêmes des morsures.
Ces troubles apparaissent rarement seuls, comme le soulignent les chercheurs. Ainsi, par rapport à un chien relativement sain, les chances d'être impulsif ou hyperactif sont 4,1 fois plus élevées chez un animal souffrant d'une angoisse de la séparation. De même, un chien agressif est généralement 3,2 fois plus susceptible d'être tout aussi craintif.