Une pétition à l’initiative du professeur-diabétologue André Grimaldi tire la sonnette d’alarme concernant la réforme du système médical déclarée par le Président de la République. Le plan santé présenté mi-septembre laisserait le secteur sur sa faim plutôt que de l’améliorer. Pour avoir le soutien de ses confrères, ce professionnel qui travaille à l’hôpital Pitié Salpêtrière a lancé l’appel aux 1 300 hospitaliers. Le texte signé révèle le diagnostic effectué par le ministre de la santé et dénonce les craintes et les faux-espoirs provoqués par le programme.

Des praticiens hospitaliers par centaines ont rejoint la grande cause en signant la pétition. Remarquant le désert dans les milieux médicaux, le débordement des urgences hospitalières et le manque de corrélation entre le soin et la prévention des épidémies avec le système, ces derniers s'inquiètent quant à l'étendue du plan santé.
Malgré l'annonce d'une meilleure organisation de la médecine de proximité, le projet 2022 manque d'ambitions sur la gestion des mutuelles et des compagnies d'assurance. Les signataires regrettent autant l'absence de chapitre concernant la rente industrielle et le prix exagéré des médicaments. Selon ces derniers, le programme devrait s'étaler sur divers critères axés sur la satisfaction des patients et la revalorisation du corps médical.
Les déserts médicaux
Dans leur texte, les médecins ont apprécié que le numerus clausus qui règlementait les études santé soit terminé. Toutefois, ils s'attendent à une nouvelle modalité de sélection responsable sachant que l'insuffisance du travail en équipe pluri-professionnel dans le domaine provoque une crise du secteur.
Ainsi, la double activité des jeunes médecins hospitaliers proposée dans le plan les préoccupe. En effet, ces débutants sont amenés à travailler dans les hôpitaux et également en ville, ce qui réduira le plein temps médical hospitalier et profitera aux cliniques privées.
Le professeur-diabétologue, auteur de la pétition estime alors qu'il serait judicieux d'engager les étudiants dans un contrat de service public de leur choix pendant une durée indéterminée afin de remédier aux déserts médicaux. Pour des conditions d'exercice modernes, ces derniers pourront approfondir leur spécialité en contrepartie d'un revenu minimal à la place des bourses d'études.
Le manque de financement déséquilibre les acteurs
La disparité de revenu entre les spécialistes en ville et à l'hôpital continue sans que le programme prévoie la revalorisation du salaire des paramédicaux. Le niveau de rémunération des infirmières et des aides-soignantes, rapporté au salaire moyen du pays, et se trouvant au 26ème rang sur les 29 États de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) n'a pas connu d'augmentation jusqu'à aujourd'hui.
En revanche, le mauvais paiement des heures supplémentaires laisse autant perplexe sur les présences, déjà insuffisantes dans les centres publics.
Le manque de financement représente également un désavantage à la psychiatrie qui subit la fermeture de lits en grand nombre. Il s'agit surtout de l'hôpital public qui est victime de sous dotation dont le remboursement des tarifs se voit réduire d'année en année. Par conséquent, les services d'urgence ne s'améliorent pas, laissant les patients sur les brancards.
Pourtant en 2019, 400 millions d'euros sont prévus pour majorer de 0,2% l'Objectif national des dépenses d'assurances maladie (ONDAM), ce qui redynamiserait le secteur de la mutuelle santé. Mais en réalité, il s'agit encore d'un programme d'économie malgré l'augmentation annuelle du taux d'inflation et des charges. Si actuellement, le mode de financement prédominant est la tarification à l'activité (T2A), sa substitution par un forfait concernant le diabète et l'insuffisance rénale chronique est prévue.