Bien que son appellation implique un sentiment de bien-être et d’harmonie, le secteur de la santé n’est pas pour autant à l’abri d’incivilité, voire de violences. Psychiatries, services d’urgence, unités de soins, centres dédiés aux individus dépendants… Ce sont les branches les plus touchées. Il se trouve d’ailleurs que plus de huit victimes d’atteinte aux personnes sur dix font partie du personnel en 2018.

Les agressions morales ou physiques subies en milieu de santé méritent grandement réflexion

Le métier dans le secteur santé est loin d'être une partie de plaisir. Entre la charge et les conditions de travail souvent éprouvantes ainsi que le peu de reconnaissance dans certains cas, les professionnels doivent sans conteste disposer d'une passion inébranlable pour leur activité.

Mais ils ne sont pas non plus les seuls à subir des formes de maltraitance dans le milieu. Patients et accompagnants en ont également subi, même de façon minoritaire. Sans oublier les dommages enregistrés au niveau des biens.

À en croire les données 2018 communiquées par l'ONVS (Observatoire national des violences en milieu de santé) dans son dernier rapport, plusieurs centaines d'établissements ont signalé des violences entre leurs murs, dépassant même la barre des 23 000 et quelque 39 389 victimes.

Les établissements publics sont les plus touchés

Le 31 juillet dernier a été publié le rapport 2019 de l'ONVS portant sur les incivilités, les violences ou autres formes d'animosité recensées durant des interventions médicales en 2018. 426 établissements, dont la plupart sont publics, ont effectué des déclarations en ce sens. Celles-ci s'élevant à 23 360 signalements au total.


Dans les détails, 20 862 plaintes ont été enregistrées par 316 centres de santé publics. À savoir qu'il en existe 924 en France. Ce qui veut dire que près d'un tiers de ces établissements (34,19%) ont vu des actes de malveillance se dérouler entre leurs murs. De leur côté, les dispensaires et hôpitaux privés semblent plus calmes avec 4,03% seulement de déclarants pour les activités à but lucratif, à raison de 351 signalements, et 3,71% pour celles qui ne le sont pas (2 147 déclarations).

Parmi les violences occasionnées, cinq branches de santé en sont principalement concernées. La psychiatrie se trouve évidemment en première position, car il faut savoir que 20% des déclarations sont en corrélation directe avec un TPN (trouble psychique ou neuropsychique), dont 18% portant atteinte à des personnes et 2% à des biens. Ainsi :

  • 18% des actes violents se sont passés en milieu psychiatrique ; 
  • 16% dans les urgences ; 
  • 11% dans les établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) et les unités de soins de longue durée (USLD) ; 
  • 9% dans les unités de soins ; 
  • 8% lors des consultations médicales.

Les victimes comptent plus de professionnels de santé que de patients

À en croire les données de l'ONVS, 33 431 personnes et 5 958 biens ont subi diverses formes de violence l'année dernière. Et il s'avère que le personnel hospitalier est le plus mal loti dans cette histoire. En effet, 82% des victimes sont représentés par les professionnels de santé, dont des aides-soignantes ou des infirmières pour la plupart. Les patients, les agents de sécurité, les visiteurs, quant à eux, n'en comptent respectivement que 10%, 5% et 1%.

À l'inverse, les malades sont en majorité dans le camp des sources d'inimitié. 71% des agresseurs moraux ou physiques, comptant 91 944, s'avèrent être les pensionnaires mêmes des établissements. Les 19% étant de simples visiteurs ou accompagnateurs tandis que les 3% se trouvent parmi le personnel médical. À l'Observatoire alors de faire valoir :

« Les principes élémentaires de civisme et de vie en société ont besoin d'être remis à l'honneur dans les établissements de soins, insiste l'Observatoire. Il est anormal que des personnels de santé soient insultés et maltraités ».

Le fait est que ces actes ne sont pas sans conséquence sur le métier, ne serait-ce que de prendre en considération la mission même qui risque d'être compromise. Il ne faut pas non plus oublier les coûts financier et humain. À ce propos, l'on peut citer le personnel en souffrance, le stress conduisant assurément à des burn-out et à des arrêts de travail. Et ce, malgré les solutions préventives existantes, comme des cours de self-défense par exemple, proposés aux médecins par la mutuelle Ampli Mutuelle.


C'est la raison pour laquelle l'ONVS propose l'élaboration d'un projet de service portant essentiellement sur la préservation contre la violence, la manière de l'affronter et le soutien apporté à la victime. À l'organisme de souligner :

« La prévention et la lutte contre les atteintes aux personnes et aux biens est un enjeu capital pour les établissements de santé et de soins, tant ces atteintes affectent la sérénité des conditions de travail et, par contre coup, la mission de soin ».