Éruptions cutanées, démangeaisons, conjonctivite, voire difficultés respiratoires sont des symptômes évocateurs d’allergie. Celle-ci peut provenir d’aliments ou de médicaments ingurgités, de l’environnement ou de simple contact. Et il se trouve qu’elle peut être provoquée en allant chez le coiffeur étant donné que de nombreux produits cosmétiques contenant des agents irritants y sont utilisés, les persulfates entre autres.

L’Anses tire la sonnette d’alarme face aux allergies provoquées par les persulfates

Certaines substances a priori inoffensives auxquelles on s'expose au quotidien peuvent être au fond des agents sensibilisants qui ouvrent la voie à des réactions allergiques. Les produits capillaires utilisés dans les salons de coiffure n'y sont pas exclus si l'on ne cite que les tensioactifs contenus dans les shampoings et les thioglycolates présents dans les permanentes.

Les persulfates, servant à accélérer la décoloration des cheveux, constituent également un allergène puissant pouvant affecter dangereusement la santé des professionnels du domaine et des consommateurs. La gravité des symptômes est telle que l'Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire) tire la sonnette d'alarme, préconisant la restriction intensive de leur utilisation.

Être coiffeur est un métier à risque d'allergie élevé

Les métiers de la coiffure figurent en tête des professions à risque notamment en raison de la forte exposition des professionnels aux dermatoses. Le Réseau national de vigilance et de prévention des pathologies professionnelles a dénombré un millier d'affections provoquées par un seul agent allergène : les persulfates, entre 2001 et 2015.


Heureusement, leurs soins sont pris en charge par l'Assurance maladie et la mutuelle santé. Car si les symptômes ont été majoritairement observés chez les coiffeurs expérimentés, 25% des professionnels affectés sont représentés par les apprenties et les travailleuses récentes. Force est également de constater que le phénomène ne se limite pas au niveau national, car les agences sanitaires des autres nations, telles que l'Allemagne, l'Autriche, le Danemark, les Pays-Bas, le Royaume-Uni et la Suisse ont relevé des cas similaires. Selon l'Anses :

« La très grande majorité des cas de réactions allergiques en lien avec ces substances sont observés dans le secteur de la coiffure ».

Etant donné que ces substances (persulfates de potassium, de sodium et d'ammonium) sont appliquées lors des décolorations capillaires en raison de leurs propriétés oxydantes, les professionnels de la coiffure s'y exposent de ce fait par voie cutanée et respiratoire tant au moment de la préparation, de l'application qu'au moment du rinçage. L'agence ajoute d'ailleurs que :

« Les consommateurs peuvent également être exposés lors de l'utilisation des produits de décoloration à utiliser chez soi et en tant que clients des salons de coiffure ».

Les persulfates provoquent des réactions allergiques graves

Le 12 juin dernier, l'Anses a rendu publics les résultats de ses travaux d'expertise. Ceux-ci ont fait ressortir que les réactions allergiques provoquées par les persulfates sont nombreuses et peuvent même être graves. Elles se positionnent d'ailleurs au 2ème rang dans le classement des produits chimiques provoquant des asthmes professionnels, après les ammoniums quaternaires présents dans les désinfectants.

À la source d'autres problèmes respiratoires, tels que des rhinites, cet agent allergène suscite aussi des réactions cutanées comme les dermatites allergiques et les urticaires. Mais le pire, c'est que les personnes sensibles peuvent subir un choc anaphylactique mettant en danger leur vie.

Une prise de conscience est alors de mise, et c'est ce qu'a entrepris l'agence sanitaire en enjoignant aux producteurs des produits capillaires de limiter le plus rapidement possible et au maximum son déploiement. De fait, l'Anses a fait valoir que :

« Ces pathologies peuvent entraîner des handicaps dans la vie quotidienne et de lourdes conséquences pour ces professionnels telles que l'obligation de reconversion professionnelle ».