Les outils mobiles destinés à faciliter la tâche des aidants au quotidien multiplient les collaborations avec les mutuelles et les autres acteurs du secteur. Par cette initiative, ces start-up cherchent à atteindre rapidement leurs cibles et à perfectionner progressivement leurs solutions mobiles. Il s’agit également d’une technique réellement intéressante pour rentabiliser leur activité.

Les applications destinées à soutenir les aidants tendent à privilégier le B to B

Le nombre d'aidants en France a augmenté proportionnellement à la population de plus de 80 ans. Selon les observateurs, il y aurait actuellement 11 millions de personnes soutenant un senior. Près de la moitié seraient des professionnels. En raison de la nature éreintante de leur tâche, il est devenu urgent de soutenir concrètement les aidants avec des outils fonctionnels et innovants.

Des start-up comme Coorganiz, Lili Smart et Janasense ont ainsi décidé de résoudre ce problème à travers des sites web dédiés ou des applications mobiles. Ces trois jeunes pousses proposent leur service en privilégiant la méthode B to B. BNP Paribas compte aussi lancer sa propre application dans le domaine, Tilia.

Une solution optant pour les résidences seniors

Janasense a été créée par Mickael Alves fin 2016. Cette solution repose sur des capteurs installés chez la personne en situation de dépendance et une plateforme de suivi à distance. Elle permet notamment de rassurer les familles et les aidants professionnels au quotidien.


La start-up a commencé des tests en condition réelle au sein d'un établissement destiné aux personnes handicapées et d'une résidence senior du CCAS (centre communal d'action sociale) d'Orléans. Avant de démarrer son activité, elle a notamment été soutenue par la caisse de retraite Carsat, Bpifrance, des collectivités locales et l'incubateur de CA, Lab'o Village.

Fournissant des données en temps réel, l'outil devrait aider les professionnels de santé à prendre des mesures adéquates et au bon moment, en matière de prévention ou d'accompagnement de la personne dépendante. Par ailleurs, les structures partenaires devraient également intégrer la solution de Janasense à leurs offres prévues pour les familles.

Dans ce modèle économique, la jeune pousse se rémunère à travers un abonnement mensuel (30 euros) payé par les établissements spécialisés. Ce tarif inclut l'installation des capteurs, le déploiement de l'outil et l'accès au système de télésuivi.

L'entreprise prépare actuellement une levée de fonds pour accélérer la distribution de sa solution. De plus, pour les trois prochaines années, elle projette de proposer ses services dans environ 30 000 à 40 000 logements dans tout l'Hexagone.

Une application visant les familles et les aidants

Aujourd'hui, les efforts de Lili Smart se focalisent sur les maisons de retraite, les entreprises de téléassistance et les professionnels en mutuelle senior disposés à intégrer sa solution à leurs gammes de services. Ce système de B to B lui a notamment permis de conquérir 80 % de ses utilisateurs. La start-up se rémunère à travers un forfait de déploiement de ses services et un abonnement.


La jeune pousse a été lancée par Vincent Thery et Aymeric Garnier en avril 2016. Sa solution consiste en une application mobile et une montre connectée pouvant être installée dans la maison de la personne dépendante. Il s'agit à la fois d'un outil de communication et de vigilance. Une fois connectée, la famille pourra échanger avec des professionnels de santé, réagir rapidement à une alerte ou programmer différentes tâches.

Les aidants professionnels peuvent également se servir de l'application pour s'organiser entre eux. Elle compte pour l'instant environ 4 000 utilisateurs. Soutenue par Bpifrance et des business angels, la start-up a dû abandonner la distribution grand public, faute de clients. Elle a pourtant pu compter sur un réseau d'environ 40 pharmacies.

Selon Vincent Thery :

« 30 euros par mois, c'est un frein pour beaucoup de familles habituées à se faire rembourser leurs frais de santé. Nous n'avons pas eu assez de moyens pour évangéliser le marché ».

Néanmoins, la start-up espère atteindre les 40 000 utilisateurs dans deux ans. D'ailleurs, elle vise aussi les collectivités locales (communes, départements, grandes agglomérations, etc.).

Un outil mobile tourné vers les mutuelles et les assureurs

L'application mobile Cooganiz est sortie en juin 2018. Elle permet aux personnes dépendantes de coordonner la gestion des tâches des aidants professionnels ou familiaux, à travers des carnets de liaison, des agendas partagés, etc.


Fondée par Emma Berger et Anne-Béatrice Sonnier, la start-up compte actuellement près de 35 000 utilisateurs. Il est possible de s'abonner gratuitement à ce service dans sa version de base. En revanche, pour un abonnement mensuel de 4,99 euros, l'utilisateur pourra accéder aux diverses fonctionnalités de l'application.

Pour rentabiliser le projet, la jeune pousse multiplie les partenaires œuvrant dans l'univers de la Silver économie. Les acteurs du secteur peuvent notamment acquérir une licence à travers leur abonnement. Ils pourront ensuite proposer l'outil à leurs clients en y ajoutant des contenus ou des services sur-mesure. Jusqu'ici, l'entreprise a séduit quatre partenaires, dont des mutuelles et des assureurs et mutuelles. Toutefois, elle reste discrète sur l'identité de ses collaborateurs.

L'application est actuellement testée par le groupe Elior dans les Alpes-Maritimes. La solution permet de faciliter le quotidien des aidants profitant de son service de portage de repas. La jeune pousse devrait par ailleurs convaincre des investisseurs pour participer à sa prochaine levée de fonds.

Comme l'indique sa cofondatrice Emma Berger :

« Maintenant que la monétisation du modèle a été démontrée, l'objectif est de passer à la vitesse supérieure avec 200 000 utilisateurs d'ici à fin 2020 ».