Au Canada, seulement environ 1 % de la population avoue avoir eu recours à des soins virtuels ou des portails en ligne. Une étude de l’Association médicale canadienne (AMC) montre néanmoins que les patients ne sont pas pour autant défavorables à un développement de la technologie dans le secteur de la santé. Encore faut-il savoir quel soin proposé en ligne.

Rendez-vous virtuel, consultation en ligne, suivi de dossiers, il existe de nombreuses façons de profiter de la technologie dans le domaine de la santé. Néanmoins, et selon les avis des personnes interrogées dans le cadre du sondage de l'AMC, l'utilisation de la technologie reste marginale au Canada.
Sept personnes sur dix pensent ainsi que le pays n'exploite pas assez les possibilités offertes par les nouvelles technologies. Elles estiment que ce retard s'explique par le nombre, encore peu élevé, d'utilisateurs de ces soins virtuels. Plusieurs facteurs viennent également se poser comme obstacles à la digitalisation : la peur de perdre ses données ou l'envie de préserver le contact humain.
La vie privée mise en jeu
Les professionnels soulignent cependant que le risque de vol ou de piratage est peu élevé concernant les données médicales. En effet, elles ne sont pas autant recherchées que les données bancaires. Il reste néanmoins indispensable de mettre en place un système qui permet aux patients de garder leurs données personnelles. Il peut donc être utile de proposer un accès restreint et sécurisé, via un mot de passe par exemple. De cette manière, seul le client aura la possibilité de visualiser ses données.
Mais si la question des données personnelles peut être résolue avec un système sécurisé, les Canadiens soulèvent également une autre problématique. 77 % des personnes interrogées dans le cadre de cette enquête ont ainsi avoué se préoccuper de la perte du contact humain avec le développement des services de santé numériques.
Il faut toutefois reconnaître que recevoir ses dossiers médicaux depuis une plateforme en ligne ou par courrier électronique sera bien plus pratique et évitera les heures perdues dans les files d'attente en cabinet médical.
Il est ainsi possible de trouver un compromis, en dématérialisant les démarches les plus simples (suivi de dossier, gestion de rendez-vous, etc.), et proposer les visites en cabinet uniquement pour les soins qui nécessitent une intervention plus complexe.
Un développement retardé par le gouvernement ?
Malgré les réserves émises, les résultats de ce sondage montrent toutefois une situation plutôt positive. Environ trois quarts des personnes interrogées souhaitent en effet le développement des services de soins virtuels d'ici dix ans. D'où viennent alors les obstacles à la promotion de la digitalisation de l'accès aux soins ou aux mutuelles au Canada ?
Huit répondants sur dix pensent que le gouvernement est en partie responsable du retard. Selon eux, ce dernier manque d'initiative en matière de financement. Il semble toutefois avoir conscience du retard observé. Aussi, dans des régions comme l'Ontario, les autorités publiques ont-elles affirmé vouloir s'engager dans le développement des services numériques.
Par ailleurs, selon toujours ce même sondage, le développement des soins virtuels est également freiné par les médecins et les patients, qui ne sont pas toujours prêts à les adopter. L'implication des médecins est toutefois cruciale, car ils sont les seuls à pouvoir prescrire des soins appropriés.
Néanmoins, pour la plupart des personnes interrogées, les services numériques doivent être développés pour les procédures simples :
- 79 % d'entre elles souhaitent ainsi avoir la possibilité de suivre les rendez-vous en ligne.
- Pour 77 % des participants, il devrait être possible de consulter les antécédents médicaux en ligne.
- Enfin, 72 % des répondants sont disposés à recourir à un système robotisé pour les prises de rendez-vous.