Le 17 juin dernier, Geneviève Chêne, l’actuelle directrice générale de Santé publique France et son prédécesseur François Bourdillon ont été entendus devant la commission d’enquête parlementaire. Ces derniers ont notamment répondu à certaines interrogations mettant en cause cet organisme de santé publique dans son rôle visant à prévenir contre la propagation de la pandémie.

Certaines décisions de la Santé Publique France auraient pu fortement restreindre la propagation du Covid-19

L'heure est au bilan lors de la fin de cette période de cantonnement, où l'épidémie du Covid-19 a fait d'innombrables victimes en France. Certaines personnes pointent du doigt les responsables sanitaires notamment en ce qui concerne le manque de masques chirurgicaux permettant d'endiguer la propagation du coronavirus. Une protection, pourtant appuyée et sollicitée par l'Assurance maladie et la mutuelle santé.

Une situation plus intrigante encore quand on sait qu'environ 700 millions de ces dispositifs ont été détruits, car jugés en mauvais état par les organismes en charge de leur qualité, sans que l'on cherche à reconstituer le stock. L'ancien directeur général de la Santé Publique et la dirigeante actuelle ont ainsi dû répondre à certaines interrogations sur ce sujet, devant la commission d'enquête parlementaire.

Les responsabilités de Santé Publique France

L'organisation Santé Publique France a été fondée en 2016, suite à la fusion de trois organismes dont notamment l'Établissement de préparation et de réponse aux urgences sanitaires, dit Eprus. François Bourdillon fut alors nommé à la tête de cette nouvelle institution, dont les missions principales étaient la surveillance épidémiologique et la préconisation des mesures de prévention adéquates.


De par le rôle qui lui est attribué, la SPF aurait donc dû anticiper efficacement la propagation du coronavirus sur le territoire français, ne serait-ce qu'à travers l'exhortation à l'utilisation des masques. Ce qui laisse à réfléchir quand une bonne partie des outils en réserve de l'État, soit quelque 700 millions de cache-bouches-nez, avaient été jugés inefficaces et détruits.

En ce sens, l'actuelle directrice générale de Santé Publique France, Geneviève Chêne, a été auditionnée par la commission d'enquête de l'Assemblée nationale sur la gestion de la crise sanitaire. Elle a indiqué que le ministère lui avait ordonné de commander 1,1 million de masques FFP2 au début du mois de février, soit en tout début de la propagation du virus. À cette période, on ne comptait que dix cas en France et on a décidé de mettre en place un système de surveillance sur la base d'une épidémie grippale.

Pas de commandes, pas de masques, pas d'instructions

L'ancien directeur de l'Agence de Santé Publique, François Bourdillon, a aussi été entendu. Il a pointé du doigt le nombre insuffisant de masques en soulignant le fait qu'il avait déjà préconisé l'augmentation du stock bien avant la pandémie. Des rapports d'autres professionnels de santé s'ensuivaient d'ailleurs, notamment celui de l'infectiologue Jean-Paul Stalh qui a conseillé de prévoir une boite de 50 masques par foyer.

L'institution a ainsi recommandé à l'État de se constituer une réserve d'au moins 1 milliard de cet outil de protection, selon les dires de François Bourdillon, pour prévenir une éventuelle pandémie grippale. Cependant, seulement quelque 100 millions ont été commandés au cours de l'été 2019, une situation qu'a déplorée le spécialiste de santé publique, expliquant que c'était un des facteurs ayant favorisé la propagation du Covid-19.


En outre, de nombreux professionnels du secteur estimaient que les dispositifs fournis étaient inefficaces, contrairement aux recommandations de l‘établissement, d'où le faible stock de masques.

Une réserve limitée qui « ne permettait pas une protection » de la population en cas d'épidémie, selon l'ex-dirigeant, comme en a attesté la crise actuelle. L'organisme de santé publique a donc bien accompli la tâche qui l'incombait et ne peut nullement être tenu pour responsable.

L'ancien directeur de SPF a aussi souligné qu'il y avait un manque d'instructions de la part du ministère quant aux stocks mis à disposition de Santé Publique France. On ne savait pas si les masques étaient destinés à couvrir uniquement les besoins des citoyens ou également ceux des soignants. Au député Damien Abad de résumer les causes de la propagation :

Pas de commandes, pas de masques et pas d'instructions… On a le sentiment d'une gestion un peu à la petite semaine.

Toutefois, François Bourdillon a reconnu que le peu de cache-bouches achetées pourrait être une des conséquences budgétaires du cyclone Irma, survenu en 2017, sur les finances de l'État.