Comme chaque année, la CNAM a publié les économies qu’elle souhaite réaliser d’ici l’année prochaine, en amont du budget de la Sécurité sociale. Elle a revu ses objectifs à la baisse. Ce qui est assez étonnant, compte tenu des lourdes pertes qu’elle a subies à cause de la pandémie du Covid-19.

L'assurance maladie prévoit des pertes à hauteur de 31 milliards d'euros pour l'année en cours, cela est en grande partie dû à la pandémie du coronavirus. De nombreux observateurs ont ainsi prévu que cette branche exceptionnelle de la Sécu allait adopter des mesures drastiques afin de compenser ses pertes, mais ce ne fut pas le cas.
Le 26 juin dernier, la Caisse Nationale d'Assurance maladie a présenté à son conseil son rapport annuel « charges et produits », dans lequel elle cite notamment les économies qu'elle souhaite réaliser d'ici 2021. Et cette année, elle a revu ses ambitions largement à la baisse puisqu'elle annonce vouloir réaliser 1,075 milliards d'euros d'économies, soit deux fois moins élevées que la prévision faite en 2019.
La lutte contre les dépenses inutiles
L'assurance maladie prévoit de réaliser une grande partie de ces économies sur les médicaments génériques, les arrêts de travail et la lutte contre la fraude. Concernant les médicaments, elle souhaite éliminer ce qu'elle appelle les « dépenses inutiles » afin d'en faire un meilleur usage.
Parmi les remèdes concernés par cette mesure, on peut citer entre autres les anticholestérols, les anxiolytiques et les antidiabétiques. L'organisme compte toujours, en revanche, sur les génériques et les biosimilaires afin d'amortir ses frais les antibiotiques ne font plus partie de ses priorités.
Pour réaliser ces économies, l'assurance maladie a aussi décidé d'arrêter le développement de la chirurgie ambulatoire, c'est-à-dire sans hospitalisation. Elle compte également traquer les dépenses inutiles en ce qui concerne l'imagerie médicale et les transports sanitaires. Il en va de même pour les arrêts de travail injustifiés et les fraudes sur les allocations sociales.
Il est à noter que la CNAM a récemment relevé des falsifications à hauteur de 287 millions d'euros au cours de l'année 2019, ces actes illicites sont en grande partie attribués aux assurés, mais des professionnels de la santé sont également impliqués. Ce chiffre faramineux explique pourquoi la Sécurité sociale a décidé d'en faire une de ses priorités.
Un geste envers le personnel de santé
Il va sans dire que les professionnels de la santé peuvent dormir sur leurs deux oreilles malgré la situation. En effet, ils ne feront pas les frais cet énorme déficit de 31 milliards d'euros. La CNAM a justifié cette baisse d'économies prévue par :
La moindre progression des soins de ville (…) qui se traduira par un effet de base potentiellement favorable
Cela sous-entend que la baisse d'activités du personnel de santé tel que les médecins ou les kinés ne sera pas rattrapée d'ici la fin de l'année. Ces derniers se sont retrouvés en première ligne durant la crise sanitaire, on ne leur demandera donc pas d'efforts supplémentaires afin d'amortir les pertes. D'autant plus que l'on n'est pas à l'abri d'une seconde vague d'épidémie où ils seraient de nouveau mobilisés.
En somme, la CNAM a revu ses ambitions à la baisse, mais rien ne garantit toutefois que cet objectif soit atteint. Pour rappel, en 2019 cette institution avait prévu quelque 2,01 milliards d'économies. Malheureusement, seuls les deux tiers ont été réalisés.