Les conséquences d’une pandémie peuvent être catastrophiques. Depuis des années, des chercheurs ont insisté sur ce sujet. Seulement, ils n’ont pas été écoutés en raison de l’infime probabilité qu’un tel événement survienne (une fois tous les 500 ans selon les spécialistes). Ainsi, la souscription d’une couverture pour se protéger contre une pandémie semblait superflue pour la grande majorité des entreprises.

La couverture contre les pandémies démontre son intérêt à l’heure actuelle

Il est possible de souscrire une assurance spécifique offrant des garanties en cas de pandémie. Il faut savoir que ce type d'événement n'est pas couvert par les contrats relatifs aux catastrophes naturelles (tempête, grêle, etc.). La raison en est que les assureurs eux-mêmes ne sont pas protégés contre les pandémies.

Si les réassurances les couvraient, l'ensemble du secteur risque de s'effondrer. En effet, il est pratiquement impossible d'anticiper le coût induit par une pandémie, ce dernier étant déterminé par de multiples facteurs à l'instar de l'efficacité du système médical, des décisions politiques, de la réaction des populations, etc. L'assurance pandémie se présente ainsi comme la meilleure solution pour préserver l'économie.

Apprendre du présent pour mieux affronter l'avenir

L'entreprise Metabiota a établi un modèle mathématique permettant de prédire et de détecter en amont la survenance d'épidémies ou de pandémies. Elle a collaboré avec le réassureur allemand Munich Re pour mettre en place une assurance destinée à se protéger contre ces événements. Leur solution intègre les effets de la panique du public dans le calcul du coût global d'une épidémie ou d'une pandémie.


Lancée en 2018, cette assurance a retenu l'attention de nombreuses entreprises. Toutefois, aucune d'entre elles ne l'a contractée, car elles devaient encore évaluer les risques, fixer un budget, etc. Lorsque les entreprises se sont enfin décidées à souscrire le produit en janvier dernier, alors que le coronavirus sévissait déjà, Munich Re n'était plus en mesure de le leur proposer. En effet, il était déjà trop tard.

Pour être couverts contre une pandémie, les clients doivent payer une somme appelée premium dépendant de l'étendue de la couverture qu'il souhaite. Or, au début de l'année, le réassureur ne disposait d'aucun premium versé au préalable. S'il avait accepté de vendre son assurance à ce moment-là, il aurait inévitablement fait faillite.

Le fondateur de Metabiota, Nathan Wolfe, espère que les entreprises tireront une leçon de la pandémie actuelle. Il avance :

Il n'est pas impossible qu'au cours des cinquante prochaines années, l'humanité doive faire face à un événement encore pire que celui-ci et qu'à ce moment-là, les gens se souviennent et disent : Aussi terrible que le Covid-19 ait été, si nous n'avions pas eu cette catastrophe, les conséquences seraient tellement plus dramatiques.

Comment les réassureurs fonctionnent-ils ?

Généralement, les compagnies d'assurance sont couvertes par réassureurs contre les événements exceptionnels en contrepartie du paiement d'importants premiums. Le versement de sommes élevées s'explique par le fait que si des catastrophes de grande envergure surviennent, elles risquent d'entraîner des faillites et une crise économique.


Dans le cas des catastrophes rares, mais prévisibles, cette activité est véritablement rentable pour les réassureurs. Elle génère notamment des dizaines de milliards de dollars pour Munich Re chaque année. À titre d'illustration, en cas de tempête de grêle, les assureurs devront nécessairement indemniser des centaines de clients en raison de la destruction de leur voiture ou de leur maison. Toutefois, ce type de fléau ne surgit généralement que tous les 30 ans. Par ailleurs, il ne frappe pas diverses régions du monde, contrairement à une pandémie.

À mesure que les assureurs sollicitent les compagnies de réassurance, ces dernières sont capables de convertir les risques rares et coûteux en événements prévisibles et moins onéreux. Il s'agit du principe de diversification. Le directeur Monde du risque pandémique de Munich Re, Gunther Kraut, explique :

Plus vous pouvez diffuser le risque, plus vous pouvez l'assurer. C'est pourquoi les réassureurs sont des compagnies mondialisées.