Le gouvernement et les Agences régionales de santé françaises entreprennent depuis plusieurs années une démarche de suppressions de lits d’hôpitaux. La crise sanitaire provoquée par le Covid-19 aurait dû, normalement, inverser cette tendance ou, du moins, l’arrêter pour quelques mois. Dans les faits, la capacité d’accueil des établissements de santé en France continue de dégringoler.

Le Covid-19 n’arrête pas la suppression de lits d’hôpitaux

Invoquant des impératifs budgétaires, le gouvernement et les autorités sanitaires régionales procèdent depuis plusieurs années à la suppression de lits d'hôpitaux considérés comme non essentiels ou excédentaires. Ces réductions successives ont largement pesé sur la capacité de la France à combattre efficacement la pandémie de Covid-19.

Pourtant, il convient de savoir que de nouvelles fermetures de lits d'hôpitaux ont eu lieu ces dernières semaines et des centaines d'autres seraient prévues dans les prochaines années. Au total, treize établissements publics, parmi lesquels figurent des CHU et des centres psychiatriques, seraient concernés par ces diminutions de la capacité d'hospitalisation.

Des craintes de suppressions masquées en adaptation au Covid-19

De mars à mai, les hôpitaux, organismes de santé et fournisseurs d'assurance hospitalisation travaillaient d'arrache-pied pour gérer l'afflux de malades du Covid-19. Dans certains centres hospitaliers, dont le CHU de Clermont-Ferrand, des chambres dédiées à la cardiologie ou à d'autres soins ont été transformées en lieu d'accueil de ces patients. Selon un aide-soignant dans cet établissement, plusieurs chambres avec deux lits ont été ainsi converties en chambres à un lit.


On aurait pu s'attendre à un retour à la normale après l'accalmie observée durant l'été et jusqu'au début de l'automne. Pourtant, les transformations de lits dans le CHU de Clermont-Ferrand ont été maintenues comme telles. L'aide-soignant qui a rapporté ces faits craint alors que ces modifications conduisent à des suppressions à long terme. En pleine période de seconde vague de Covid-19, la direction de l'hôpital ne s'est pas encore exprimée sur le sujet.

Des réductions de lits confirmées jusqu'en 2022

Si les suppressions de lits d'hôpitaux dans le CHU de Clermont-Ferrand soulèvent encore des doutes, celles prévues dans d'autres établissements publics sont bel et bien confirmées. C'est par exemple le cas de l'hôpital psychiatrique du Vinatier. La CGT de cet établissement situé à Lyon affirme que 75 places d'hospitalisation seront fermées d'ici la fin de l'année. Ces suppressions font suite à d'autres fermetures opérées en pleine épidémie.

Au printemps, l'hôpital a déjà fermé trois unités d'hospitalisation pour adulte, la direction invoquant le besoin de libérer le personnel soignant pour le réaffecter dans les soins liés au Covid-19. Seulement, ces libérations temporaires sont parties pour être définitives, au moins pour l'une des unités hospitalisation adulte. D'autres suppressions sont aussi prévues dans le même établissement, dont 25 lits d'hospitalisation longue durée dès décembre 2020 et 50 autres dans les prochains mois.

L'hôpital psychiatrique du Rouvray s'attend par ailleurs à la fermeture de 80 lits à l'horizon 2022. Le CHU de Besançon prévoit d'en supprimer 28 prochainement. Ces opérations de dégraissage se font en accord avec les autorités sanitaires et les Agences régionales de santé concernées. Au moins 13 établissements subiront des réductions de leur capacité d'hospitalisation dans les années à venir.