Le Reste à charge zéro, ayant fait ses premiers pas en début d’année, est prévu d’être effectif d’ici 2021. Un « deadline » que le ministère de la Santé tient à respecter en mettant en place un comité de suivi le 8 novembre dernier. Jusqu’ici, tout se déroule comme prévu à part quelques petits bémols provenant des dentistes.

Les dentistes se montrent capricieux face aux mesures à prendre pour l’instauration du RAC zéro

Les dés sont jetés pour les acteurs dans le domaine de la santé. Sécurité sociale et pourvoyeurs d'assurance complémentaire semblent être en accord avec le fait que la prise en charge des dépenses de santé sera entièrement départagée entre eux, d'ici 2021. D'ailleurs, conformément à la demande de la ministre Agnès Buzyn, aucune hausse abusive ne devrait apparaître sur les devis mutuelle.

Quoi qu'il en soit, il convient d'admettre que la réalisation de ce projet d'envergure se repose aussi sur la collaboration des professionnels de santé, notamment les opticiens, les audioprothésistes et les dentistes. Mais il semblerait que ces derniers se montrent moins coopératifs par rapport aux autres, et ce, en dépit de certaines libertés qui leur ont été déjà attribuées.

Les dentistes, vent debout contre la généralisation du tiers payant

Alors que la mise en œuvre de la réforme 100% Santé se trouve déjà à la fin sa première année et qu'il lui reste encore une autre pour parfaire son application progressive, tous les yeux se posent sur les étapes que le dispositif a franchies. Le ministère de la Santé a d'ailleurs instauré dernièrement un comité afin de mettre au point les réalisations et les perspectives pour l'année prochaine.


Plusieurs éléments ont confirmé l'avancée certaine du projet, notamment l'acceptation des mutuelles de contenir leurs prix qui ne devraient augmenter que de 3% en 2020 conformément à l'inflation habituelle des dernières années. En ce qui concerne l'établissement du tiers payant, ces pourvoyeurs de complémentaires santé se montrent des plus enthousiastes. Tout comme les opticiens et les audioprothésistes.

Un sentiment que les dentistes semblent loin d'éprouver. De fait, ils sont pour ainsi dire les seuls à pratiquer le moins ce système de paiement, le préférant dans 75% des cas à un dépôt d'avance de la part des patients. C'est du moins ce que les données statistiques de la Cnam (Caisse nationale d'assurance maladie) ont révélé. Un fait que tiennent à souligner les représentants des dentistes dans ces propos :

« Nous ne sommes pas encore salariés de l'assurance maladie […] ceux qui ne veulent pas pratiquer le tiers payant doivent garder cette liberté ».

Une réaction qui fait blocage à la réalisation de la réforme. Le fait est qu'il serait injuste d'appliquer le tiers payant aux soins ophtalmologiques et auditifs et d'omettre ceux afférents à la dentition.

Bons ou mauvais élèves ?

L'inquiétude du ministère de la Santé sur la non-coopération des dentistes aux enjeux du RAC zéro s'installe alors. Au président de la Mutualité Française, Thierry Beaudet, d'exprimer :

« Il ne faudrait pas que les dentistes soient les mauvais élèves de cette réforme ».

Toujours est-il que mises à part leurs exigences quelque peu excentriques, dont la possibilité de refuser certaines pratiques entièrement remboursées, ces professionnels de la dentition ont déjà fait quelques pas en avant. Concrètement, la pose de bridges ou couronnes va être entièrement prise en charge dans deux mois. Sauf que certains praticiens n'acceptent d'utiliser des matériaux métalliques pour ces dernières. Pour Philippe Denoyelle, président de l'Union Dentaire :

« Il n'est pas question de nous obliger à pratiquer des soins sous prétexte qu'ils sont totalement pris en charge ».

Un avis auquel se joint la CNSD (Confédération national des syndicats dentaires) qui souligne que :

« Le praticien reste libre de dire si oui ou non il réalise tel acte ».

En revanche, force est de constater que les dentistes sont actuellement sur le point d'établir leur futur devis avec les mêmes informations pour tous les patients sur l'existence des paniers de soins 100% Santé. Et ce, conformément aux exigences du ministère :

« En cas de reste à charge éventuel, une information sur des alternatives thérapeutiques 100% santé ou à défaut, à entente directe modérée est donnée par le praticien. Sur demande du patient, elle peut donner lieu à une nouvelle proposition de plan de traitement complet, dans un devis distinct ».