Les confinements successifs suite à la montée des chiffres épidémiologiques du Covid-19 ont chamboulé les habitudes. Les membres de la famille ont, par exemple, été « forcés » de rester ensemble à leur demeure si chacun allait à son train-train quotidien. Aussi l’on s’attendait à un boom des naissances cette année. Ce qui est pourtant loin d’être le cas pour la France.

Au cours des quatre dernières décennies, la France s'inscrit comme étant un pays à stable taux de fécondité. Pour autant, les naissances recensées cette année sont en nette baisse alors que les prévisions étaient beaucoup plus ambitieuses, notamment quant aux retombées du premier confinement. À noter qu'il faut revenir à 46 en arrière pour enregistrer la même tendance. L'on peut alors en déduire que le rythme décélère en cas de crise.
Force est pourtant de relever que le taux de maternité est plus important dans le pays que dans le reste de l'Europe. Qui plus est, la qualité de son système de santé y est pour beaucoup, à savoir le remboursement des frais de naissance, soit par l'Assurance maladie, soit par la mutuelle familiale.
Une décroissance qui n'est pas une grande première
Dans toute l'Europe, la France est le pays où l'on recense le plus de naissances. Disposant d'ailleurs d'un système de santé pour le moins bénéfique, elle est moins concernée par la politique de restriction démographique dans plusieurs de ses voisins.
La question se pose alors sur la continuité de l'exception de la fécondité française étant donné qu'en l'espace de dix ans, cet indicateur a diminué de 0,22 point, à raison de 1,8 enfant par femme l'an dernier contre 2,02 dans les années 2010. À savoir pourtant que son taux avait pu conserver une tendance stable durant 40 ans. À Gilles Pison, démographe et chercheur associé à INED (Institut national d'études démographiques d'y apporter une réponse :
Les pays comme la France qui ont des politiques sociales développées ne seront vraisemblablement pas les plus touchés.
Toujours est-il qu'une chute de 13 % a été écrite noir sur blanc sur le tableau, en janvier 2021 en comparaison avec l'année 2020 sur la même période, avec respectivement 53 900 naissances sur le territoire contre 62 180 un an plus tôt. Pour autant, le chercheur n'en démord pas. Pour lui, les natalités reprendront dès la fin de l'épidémie.
Une marge de cinq ans pour remonter la pente ?
Traditionnellement, une crise n'empêche pas les naissances, elle les reporte à plus tard.
C'est sur ces mots que le chercheur, Gilles Pison, montre son optimisme pour le regain des statistiques. Il convient pourtant d'admettre que la reprise des rythmes ne se fera pas dans l'immédiat. Les observateurs tablent sur cinq ans, la crise sanitaire s'étant inscrite dans la durée et qu'il a fallu patienter pendant cinq ans pour que le taux de naissances rehausse au même niveau qu'en 1974.
À savoir, la baisse importante constatée en France n'est pas une grande première pour le pays. Pour rappel, 1975 a été marqué par 745 065 naissances si l'année précédente en a recensées 801 218. S'agissant d'une période pendant laquelle, à la suite de deux chocs pétroliers, le vieux continent a subi une grande crise économique. Les Français, plus particulièrement, ont subi un chômage sans précédent ainsi qu'une inflation à 10 %.