L’assurance maladie a été l’une des plus grosses victimes de cette pandémie sanitaire avec des pertes estimées à plusieurs dizaines de milliards d’euros. Pour amortir ce déficit, le gouvernement prévoit de mettre en place une taxe exceptionnelle pour prélever une partie des économies réalisées par les mutuelles et les institutions de prévoyance.

Les mutuelles ont pu réaliser d’énormes économies grâce à la crise sanitaire, l’État envisage d’en prélever une partie

La complémentaire santé s'en est bien tirée durant la crise sanitaire et l'instauration du strict confinement. Les assureurs et les institutions de prévoyance, ainsi que les mutuelles ont pu réaliser des économies, estimées à plus de 2,6 milliards d'euros, puisque ses sociétaires étaient cantonnés à leur domicile. Mais selon les informations relayées par les Échos, les pouvoirs publics prévoient de récupérer une partie de cette somme pour combler les pertes essuyées par l'Assurance maladie.

Dans cette optique, l'État envisage de mettre sur pied une réforme dite « contribution exceptionnelle », sur les complémentaires santé d'ici la fin de l'année. Il est à noter que les déficits enregistrés par la branche maladie de la Sécurité sociale sont évalués à environ 31 milliards d'euros en 2020.

Un rattrapage des soins de santé

L'initiative du gouvernement susmentionnée, judicieuse certes, mais ne semble pas pour autant emballer tout le monde. En effet, elle n'a pas été très bien accueillie par les organismes concernés. Les assureurs ont rétorqué :

Ils ont été très flous sur les modalités techniques.

À savoir que ces modalités n'ont pas encore été clairement définies, mais elles devraient être calquées sur la taxe de solidarité additionnelle, qui est prélevée sur les contrats d'assurance santé, selon les informations des Échos.


Les assureurs ont aussi tenu à faire remarquer que le début de la reprise s'est traduit par un rattrapage des soins de la part des particuliers. Ils pointent notamment du doigt une surconsommation des soins dentaires, couplée à un rebond des analyses biologiques et une aggravation de certaines pathologies. Ce phénomène a eu pour conséquence des frais supplémentaires pour les complémentaires.

De plus, ces derniers ont aussi évoqué le taux de chômage qui ne cesse d'augmenter en ce moment. Or, d'après les contrats souscrits par les consommateurs, leurs organismes ont le devoir de couvrir gratuitement ces personnes sur une période pouvant s'étendre sur plusieurs mois.

Vers une augmentation des cotisations ?

Face à cette appréhension des acteurs du marché, l'exécutif prévoit d'instaurer une ponction répartie sur deux périodes. La première s'effectuera au mois de décembre 2020, tandis que la deuxième n'interviendra qu'à la fin de l'année 2021. De cette manière, les complémentaires pourront amortir ces rattrapages de soins.

Mais les mutuelles ont laissé entendre qu'ils pourraient répercuter cette taxe sur leurs tarifs et ainsi augmenter les cotisations à payer de la part des souscripteurs. Elles préviennent que :

Il faut voir exactement quel dispositif sera arrêté. Notre volonté, c'est de répercuter le moins possible cette taxe sur les prix. Mais tout dépendra de la réalité de notre marge de manœuvre.

Pour rappel, au mois de juin dernier le ministre des Solidarités et de la Santé, Olivier Véran, ainsi que le ministre en charge des comptes publics, Gérald Darmanin avait déjà sollicité les complémentaires de ne prendre que leur juste part, compte tenu de la conjoncture actuelle. Ils avaient avancé que ces institutions ne pouvaient décemment pas tirer un quelconque bénéfice économique de cette crise.