Le système de santé se focalisant sur la lutte contre l’épidémie de Covid-19, la prise en charge des cancéreux risque d’être affectée. Ainsi, le nombre de décès chez ces patients est susceptible d’augmenter. Une étude menée par l’Institut Gustave Roussy dévoile notamment une surmortalité se chiffrant entre 2 et 5 % d’ici les 5 prochaines années.

Lors du congrès européen de cancérologie, l'Institut Gustave Roussy a révélé les conséquences de la première vague épidémique sur les personnes atteintes de cancer en France. Selon le centre de lutte contre le cancer, la surmortalité prévisible à 5 ans s'établit entre 2 et 5 %.
Il s'agit d'une estimation obtenue à la suite d'une simulation mathématique. Cette dernière s'est basée sur les observations effectuées dans les services de l'Institut ces derniers mois. Les chiffres avancés doivent toutefois être relativisés selon les auteurs de l'étude. En effet, l'impact du Covid-19 peut encore changer d'ici 2025. Quoi qu'il en soit, il reste nécessaire de souscrire une mutuelle santé.
Plus de 60 jours de décalage pour le traitement de certains patients
L'étude de Gustave Roussy montre que certains patients ont décidé de ne pas se rendre au centre, car ils craignaient le diagnostic en lui-même ou de ne pas en bénéficier. Elle indique aussi que la prise en charge affiche un retard de plus de 2 mois pour près de 5 % des malades. Aurélie Bardet, biostatisticienne à l'Institut, a expliqué sur France Inter :
Il y a des cabinets de radiologie qui ont été complètement fermés pendant le confinement. Ce sont des éléments qui sont indépendants du patient, qui sont liés au système de prise en charge primaire de diagnostic et de dépistage. Et il y a aussi des phénomènes physiologiques des patients, où ils ont préféré attendre. […]
Les effets d'une seconde vague épidémique n'ont pas encore été évalués. En tout cas, ils risquent particulièrement d'augmenter le taux de mortalité chez les personnes souffrant de cancers du foie, de la tête, du cou et de sarcomes. En effet, ces maladies exigent une prise en charge immédiate.
La crise sanitaire se répercute sur tous les malades.
Dans le cadre de l'interview accordée à France Inter, Aurélie Bardet a précisé la gravité de l'ajournement de la prise en charge des malades :
[…] Quand on se dit « je vais décaler de deux semaines ma prise en charge » cela paraît anodin, puis finalement on s'est retrouvé à deux mois et maintenant on se retrouve à six mois de décalage.
Les répercussions de la crise sanitaire touchent pourtant l'ensemble des patients, quelle que soit la pathologie dont ils souffrent. En effet, la lutte contre la pandémie a retardé aussi bien les diagnostics que la prise en charge des malades. S'ils n'ont pas été interrompus, les traitements ont été remis à plus tard au mieux.
D'après le centre Gustave Roussy, cette situation se traduira par 4 000 à 8 000 décès de plus en 5 ans chez les personnes atteintes de cancer en France.