En instaurant le « reste à charge zéro », le gouvernement avait l’intention de rendre les soins qui étaient jusque-là mal couverts davantage accessibles. Sauf que le prix de cette initiative se répercute sur les cotisations prélevées par les mutuelles santé. C’est ce qui ressort de l’observation des tarifs 2020, comme le révèlent quelques courtiers de la place.

La réforme santé coûte cher aux acteurs de l’assurance

À compter de l'année prochaine, la Sécurité sociale procédera à un remboursement intégral des soins dentaires et d'optique. Si le montant de la réforme s'élève à un milliard d'euros, l'Assurance maladie en financera une majeure partie. Les complémentaires prévoient de compenser le reste à travers une augmentation des prix pour les années à venir.

Jean-Paul Babey, qui est à la tête d'Alptis Assurances, pense que les hausses en question sont loin d'être exagérées. Le directeur adjoint de Praeconis, Sidney Mbassi, précise qu'il serait impossible d'obtenir davantage de garanties tout en négociant les prix à la baisse.

Comment les complémentaires vont-elles endosser les coûts supplémentaires ?

Selon les projections de la majorité des courtiers interrogés, une partie des dépenses supplémentaires rattachées à l'éventuelle application de la réforme santé sera imputée aux compagnies d'assurance. Les organismes de prévoyance et les mutuelles santé prendront également sur eux. En effet, ces courtiers estiment à 10 à 15 % au plus la hausse des coûts engendrée par la prise en charge des seniors et des personnes mal assurées.


Sera-t-il difficile pour les complémentaires santé de répercuter toutes ces dépenses sur les primes ? En tout cas, Anne André, qui occupe un poste à responsabilité chez Henner, confie que le gouvernement continue de mettre la pression concernant les frais de gestion. De plus, les clients sont autorisés à résilier leur contrat à tout moment.

Le président de la Mutualité française, Thierry Beaudet, avance que certains assureurs miseront sur l'équité pour atténuer les effets de la réforme. Ainsi, les populations actives seront davantage touchées par l'élévation des tarifs que les retraités.

Une hausse des tarifs entre 2 et 2,5 %, soit la moyenne de ces dernières années

Un spécialiste voit bien les dépenses supplémentaires arriver, quels que soient les propos formulés par le gouvernement. Ses observations se confirment puisque les prix tendent à augmenter à quelques mois de l'échéance, comme peut l'attester tout comparateur mutuelle. Par exemple, chez un courtier exerçant dans la capitale, le tarif des prestations dédiées aux personnes âgées progresse d'environ 4 %. En effet, les évolutions de prix dépassent la moyenne de ces dernières années.

Un grand cabinet de consultance, lui, témoigne que les compagnies d'assurance revendiquent une revalorisation de 3 % sur les contrats de groupe. Les entreprises concernées vont-elles répondre aux attentes des assureurs, sachant que certaines d'entre elles consommeraient moins que ce qu'elles payent actuellement ? Liliane Spiridon, celle qui dirige les assurances aux personnes au sein du groupe Gras Savoye, donne un début de réponse, s'agissant des discussions entre le syndicat et les employeurs :

Les frais de santé peuvent être une variable d'ajustement social dans le cadre global des négociations annuelles sur les salaires.