Une équipe de scientifiques de l’université d’Oxford vient de réaliser une étude sur les impacts du Covid-19 sur la santé mentale. Celle-ci révèle un risque non moins important d’apparition de troubles psychiatriques, tels que l’anxiété ou l’insomnie. Des conséquences qui sont rarement décelées sur les patients atteints d’une autre maladie.

Alors que certains patients sont marqués par les séquelles physiques du Covid-19, d'autres peuvent souffrir de troubles psychiatriques. Une étude réalisée par des scientifiques de la branche psychiatrie de l'université d'Oxford vient en effet de mettre en relief les risques encourus. Les résultats reposent sur l'observation de 62 354 patients testés positifs au Covid-19, dont une partie hospitalisée, quelques jours après leur guérison.
Si la relation entre cette dernière et la santé mentale se confirme, un suivi psychiatrique pourrait être nécessaire pour les survivants. À titre de rappel, il peut être pris en charge par la Sécurité sociale et la mutuelle santé.
Le SARS-CoV-2, l'agent responsable des troubles psychiatriques
La situation actuelle affecte autant les malades que leur entourage, le personnel de santé, les étudiants et les professionnels qui subissent les conséquences. Ce qui constitue une source de stress. Vivre avec la maladie est d'autant plus angoissant pour les personnes testées positives.
Pour l'heure, aucune étude n'atteste formellement d'un lien entre le Covid-19 et l'apparition de troubles mentaux. Toutefois, les résultats d'une analyse réalisée sur une souris donnent des pistes à approfondir. Ils ont montré que le SARS-CoV-2, l'agent étiologique à l'origine de l'infection, est susceptible de s'attaquer aux neurones.
De plus, il est connu pour être responsable des symptômes neurologiques liés à la maladie, tels que :
- Les maux de tête ;
- La perte de repère ;
- La perte de goût ou de l'odorat.
Sur les patients décédés, des lésions au niveau du cerveau ont également été relevées.
Par ailleurs, la réaction inflammatoire qu'entraine le SARS-CoV-2 affecte aussi le cerveau, malgré la protection de la barrière hémato-encéphalique.
Du côté des scientifiques d'Oxford, des troubles psychiatriques auraient été détectés sur 18,5 % des patients, 14 à 90 jours après leur rétablissement. L'analyse tient compte de tous les troubles connus, quelle que soit leur nature. Pour 5 % d'entre eux, il s'agirait de leur premier diagnostic psychiatrique.
Anxiété, insomnie et troubles de l'humeur relevés chez les patients
L'anxiété est le trouble le plus souvent détecté chez les survivants, affectant 4,7 % d'entre eux. Viennent ensuite les troubles de l'humeur, relevés chez 2 % des patients, puis les insomnies, rencontrées chez 1,9 %.
La démence serait particulièrement fréquente chez les personnes de plus de 65 ans. Elle touche 1,6 % d'entre elles, contre 0,4 % de l'ensemble de la population analysée.
Par ailleurs, une deuxième observation menée sur 236 379 patients montre que les troubles psychiques demeurent présents. Ils deviennent même fréquents 6 mois après le rétablissement. 33 % d'entre eux auraient laissé apparaître un problème psychiatrique après cette période, contre 18,5 % au cours des 3 premiers mois.
Après analyse de plusieurs autres groupes de patients souffrant d'une autre pathologie, les résultats sont différents. À titre d'exemple, pour une grippe, le risque d'apparition d'un problème psychiatrique est de 2,5 %. Il est de 3,4 % chez les patients ayant souffert d'une autre maladie respiratoire.
L'équipe attire en outre l'attention sur le rôle fragilisant que jouent les maladies mentales. Le risque d'infection au Covid-19 pour une personne ayant été diagnostiquée avec un trouble psychiatrique depuis moins d'un an serait 65 % plus élevé.