La pandémie de Covid-19 a affecté le pouvoir d’achat des particuliers et la solvabilité des professionnels de l’immobilier. Le président de l'Institut du Management des Services Immobiliers (IMSI), Henry Buzy-Cazaux, milite ainsi pour une accélération de la réforme suggérée par le député Jean-Luc Lagleize. Ce projet de loi devrait notamment permettre de réduire les prix des biens fonciers en France.

La baisse des prix sur le marché foncier atténuera les effets de la crise sanitaire sur le logement

La crise actuelle touche tous les professionnels associés à l'immobilier, à l'instar des entreprises de construction, des promoteurs immobiliers, des distributeurs d'assurance habitation, etc. Cette situation problématique se répercutera nécessairement sur le marché du logement. Pourtant, la France a eu de grandes difficultés dans le domaine depuis plusieurs années.

Selon les spécialistes, il est désormais urgent de mener une réforme importante dans la politique générale du logement pour limiter l'impact de la conjoncture sur la population. D'ailleurs, le pouvoir d'achat des Français en la matière a encore diminué en raison de la pandémie. En même temps, la tendance est actuellement à la baisse des rémunérations et aux licenciements.

Une reprise passant par le secteur foncier

D'après les analystes, la réforme du foncier représente un élément déterminant pour résoudre la crise du logement en France, surtout face à la crise sanitaire et économique actuelle. La proposition de loi défendue par le parlementaire Jean-Luc Lagleize devant l'Assemblée offre une piste intéressante pour cette démarche.


Comme le souligne le président de l'IMSI, Henry Buzy-Cazaux :

Traiter la question foncière n'est plus une option de la politique du logement. C'est un impératif catégorique.

En effet, les mesures fiscales et les aides financières ne permettent pas de résoudre le problème de fond dans le domaine. Elles servent seulement à masquer la hausse incessante des cours sur le marché foncier. Dans une certaine mesure, elles préservent les ménages français de l'augmentation continue des prix des terrains.

Toutefois, ces dispositifs sont complètement superficiels et leurs effets seront forcément provisoires. De plus, les caisses de l'État ne pourront pas supporter ces charges indéfiniment. D'ailleurs, le gouvernement en est arrivé à exclure l'idée de réduire la TVA en pleine récession, malgré l'urgence de la relance économique. La baisse de cette taxe (20 %) serait pourtant salutaire pour les citoyens et les opérateurs économiques.

Dans ce contexte, le directeur général du promoteur Nexity, Alain Dinin, suggère une révision de la politique du logement au regard des conséquences de la crise sur le secteur. Cet appel risque toutefois de ne pas faire réagir le gouvernement, selon les spécialistes. En effet, les conséquences de la pandémie mises à part, l'exécutif a déjà des difficultés à gérer tous les problèmes cumulés depuis le début du quinquennat.

Des problèmes aggravés par la pandémie

Le secteur immobilier est au plus mal dans l'Hexagone, malgré une légère hausse de la demande et des nouveaux projets constatés depuis la fin du confinement. Les mesures de quarantaine ont en effet incité les Français à vouloir devenir propriétaires. De plus, les acheteurs potentiels privilégient désormais des territoires jusque-là boudés par les consommateurs (zone périurbaine ou rurale, petites villes, etc.).


Cependant, les effets de la crise sanitaire ne relèvent pas seulement du ressenti et concernent en premier lieu les ressources des Français. De nombreux ménages ont été victimes de réductions ou de pertes de revenus depuis le début de la pandémie. De ce fait, l'écart tend à se creuser entre le budget des consommateurs et les prix sur le marché des logements neufs.

En réalité, ce phénomène n'est pas vraiment nouveau dans l'Hexagone. La crise du Covid-19 n'a fait que mettre en exergue un problème persistant dans l'écosystème français, à savoir des prix inadaptés au pouvoir d'achat des particuliers.

Les entreprises de construction et les promoteurs sont également conscients de ce dilemme, surtout depuis la levée du confinement et le retour sur les chantiers. Toutefois, ces différents acteurs sont pour l'instant occupés à se répartir les charges générées par les nouvelles mesures sanitaires inhérentes au déconfinement.

Ces précautions représentent en moyenne un surcoût de 5 à 15 %, respectivement pour les résidences collectives et les maisons individuelles. Il est toutefois hors de question de le répercuter sur les acquéreurs au risque de perdre ceux qui perçoivent des revenus intermédiaires et les primo-accédants, surtout les jeunes. Ces profils représentent pourtant une part importante de la clientèle sur le marché du neuf.