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La mairie de Bobigny s’est récemment engagée à annuler les loyers d’avril pour quelque 4 000 locataires de HLM. Selon l’annonce, le manque à gagner sera pris en charge par la municipalité et l’OPH (Office public de l’habitat). Ce dernier a rapidement réagi en affirmant ne pas être en mesure de financer un tel dispositif.

Affectés par l'épidémie de Covid-19, de nombreux ménages ont des difficultés à payer les charges liées à leur logement, comme le loyer, les primes d'assurance locataire… Ainsi, la municipalité de Bobigny a annoncé la suppression des loyers dans les HLM pour soutenir les foyers les plus modestes durant la crise. Les bénéficiaires potentiels apprécient réellement cette preuve de solidarité.
Cependant, l'OPH a récemment adressé un courrier aux familles concernées en indiquant qu'il ne pouvait pas participer à ce dispositif. La mairie, quant à elle, s'applique à réaliser son projet, sans tenir compte de cette réaction. Au final, les locataires ignorent s'ils doivent payer ou non leur loyer du mois d'avril.
Imbroglio administratif
Dans son annonce, la mairie de Bobigny a affirmé travailler sur le projet en collaboration avec l'OPH. Elle a ainsi, promis de prendre en charge la moitié du manque à gagner sur le parc social tandis que l'Office payera le reste. En effet, ce dernier aurait déjà fini de régler ses dettes antérieures, estimées à environ 15 millions d'euros.
Même si la municipalité se montre très déterminée, cette mesure doit encore passer par un vote au niveau du conseil municipal et un autre du conseil d'administration au sein de l'office HLM. Néanmoins, l'équipe municipale semblait particulièrement confiante. Ainsi, la réaction de l'OPH a surpris les locataires concernés.
La mairie n'a pas tardé à répondre au courrier de ce dernier à travers un communiqué :
Cette exonération sera bien présentée en conseil d'administration de l'OPH, seul organe capable de prendre une telle décision. Il ne s'agit donc absolument pas d'un effet d'annonce.
Pour traiter du sujet, une session extraordinaire a d'ailleurs été réclamée par dix membres du conseil d'administration de l'Office. Cette requête a notamment été formulée et soutenue par le maire sortant, Stéphane de Paoli, ainsi que Christian Bartholomé, candidat aux dernières élections municipales.
De son côté, conformément à son idée initiale, la mairie de Bobigny prévoit d'organiser un vote en juin prochain pour débloquer 800 000 euros de subventions en faveur de l'office HLM. Elle incite vivement l'OPH à verser le même montant au regard des économies pouvant être réalisées par l'organisme entre-temps.
Problèmes d'ordre financier
L'office public de l'habitat évoque notamment une situation financière compliquée pour justifier sa réaction suite à l'annonce de la mairie. En effet, le bailleur social affirme être encore en redressement. Ainsi, l'état de ses finances ne lui permet pas de contribuer à la suspension des loyers promise par la municipalité. Néanmoins, des mesures au cas par cas peuvent éventuellement être envisagées.
D'autre part, l'organisme n'est plus sous la tutelle de la municipalité depuis l'an dernier. Comme le souligne son président, Jonathan Berrebi, dans son courrier :
Cette annonce, qui est du ressort du seul conseil d'administration de l'OPH et non de la ville comme elle l'a précisé, n'a actuellement pas de base juridique et fragiliserait la structure financière de l'OPH.
Quoi qu'il en soit, la Seine-Saint-Denis est actuellement reconnue comme le département français le plus pauvre. L'initiative de la mairie de Bobigny est ainsi attendue avec impatience par les bénéficiaires potentiels et saluée par la population en général. Cette mesure devrait profiter à 4 000 ménages modestes habitant dans des HLM.
Le dispositif annoncé par la municipalité est inédit. De nombreux bailleurs ont en effet promis de proposer des aides aux familles en situation de précarité. Toutefois, ils procèdent le plus souvent individuellement.
À Bobigny, la mairie a prévu de mettre en place une mesure de grande ampleur. Cela dit, les locataires devront attendre la résolution du désaccord entre la municipalité et l'OPH avant d'être fixés sur leur situation.