À la mi-avril, la Fédération Française du Bâtiment (FFB) a organisé un point conjoncturel sur le marché du neuf et de la rénovation. Les alertes régulières des deux dernières années sont malheureusement devenues réalité. Selon les prévisions pour 2025, la production de logements neufs chute, tandis que les constructions de bâtiments non résidentiels neufs et la rénovation résistent.

Des prévisions pessimistes pour la construction neuve d’ici à 2025

Le marché de la construction immobilière neuve à la peine

Les chiffres montrent une tendance baissière sur le marché de l'immobilier neuf. À fin février 2023, le nombre de mises en chantier a diminué de 6,4 % sur une année glissante. Les autorisations ont décru de 5,1 % sur la période, avec une accélération au cours des 3 derniers mois (-26,7 %). Le bilan n'est pas plus reluisant en ce qui concerne les ventes : à fin décembre 2022 en glissement annuel, les volumes pour les ventes de maisons individuelles en diffus a chuté de 31,4 %, contre -16,2 % pour les logements de promoteurs.


Mais le président de la FFB s'inquiète surtout des perspectives pour 2025, basées sur le nombre de permis de construire. En effet,

Les chiffres indiquent un effondrement des mises en chantier en date réelle estimée à 274000 logements, dont 107000 individuels et 167000 en collectif.

En 2025, le logement serait alors inférieur de 25 % à son niveau de 2022, tandis que le volume pour la production du bâtiment diminuerait de 4 %.

Pour Olivier Salleron, cette situation pour la construction

Résulterait directement de l'absence de permis de construire et d'investissements anticipés sur deux ans.

Le président de la Fédération identifie une autre conséquence de cette dégringolade :

Les professionnels du secteur devront supprimer 100000 emplois environ, la rénovation pouvant sauver une dizaine de milliers de postes.

Il reste que la flambée des prix de certains matériaux risque de peser un peu plus sur le secteur et assombrir des prévisions déjà pessimistes. Le prix du béton, notamment, qui a progressé de 17,2 % en janvier et février, préoccupe grandement la FFB. De même, la hausse du coût de l'énergie influe sensiblement sur les prix des produits dérivés du ciment, mais également des tuiles, des produits céramiques, du verre…

Bon à savoir : pour les ménages qui projettent de faire construire une maison, le budget à prévoir s'est nettement alourdi depuis 2022, entre la remontée des taux d'intérêt de crédit, les matériaux, sans oublier l'assurance habitation et dommage ouvrage.

Progression des marchés de la rénovation et du non résidentiel

À l'inverse du secteur résidentiel, le non résidentiel neuf semble promis à un avenir plus radieux. Au cours de l'année écoulée à fin février 2023, les surfaces de constructions commencées se sont réduites de 1,4 %, principalement en raison d'une baisse de 7,4 % des constructions de bureaux. Néanmoins, l'augmentation de 12,2 % des constructions de commerces a rétabli un certain équilibre.

Au cours du dernier trimestre, un recul de 14,5 % dans la construction non résidentielle a été observé, tiré par un décrochage de 32,8 % sur le segment des bâtiments industriels. En revanche, l'hébergement hôtelier et les bâtiments administratifs augmentent de 31,9 % et +13,9 % respectivement.


Pour l'avenir, les surfaces autorisées de bâtiments non résidentiels neufs devraient enregistrer une augmentation de 7,9 % sur le dernier trimestre, stimulées en grande partie par une croissance de 16,5 % dans la construction de bâtiments administratifs. Sur les 12 mois, le taux de progression s'affiche à 4,3 %.

Concernant la rénovation, qui représente actuellement 55 % du marché du bâtiment, la Fédération table sur une progression annuelle moyenne de 2 % d'ici à 2025. Toutefois, certains acteurs du marché jugent ces efforts insuffisants. Olivier Salleron, par exemple, affirme que

Grâce à ses 530000 salariés certifiés RGE (pour un total de 1245000), l'activité pourrait soutenir une croissance de 6 % à 7 %.

Bien que l'amélioration-entretien ait crû en volume de 1,8 % sur 12 mois au quatrième trimestre 2022, et de 2,1 % à prix constants sur l'ensemble de l'année 2022, les estimations pour 2023 restent inférieures à leur moyenne.

A retenir
  • Les chiffres récents montrent une tendance baissière sur le marché de l'immobilier neuf sur une année glissante à fin février.
  • Le président de la FFB s'inquiète surtout des perspectives pour 2025, qui pourraient entraîner la suppression de 100000 emplois.
  • La flambée des prix de certains matériaux, comme le béton, risque d'aggraver la situation.
  • En revanche, le marché de la rénovation et du non résidentiel semble plus prometteur d'ici à 2025.