Les incidents liés aux malfaçons des logements récents n’ont cessé de se multiplier depuis 10 ans. En 2018, ils se sont encore aggravés selon l’observatoire de l’AQC (Agence Qualité Construction). Les problèmes de fissures et des vices structurels au niveau des poutres et des poteaux porteurs des immeubles résidentiels neufs ont notamment explosé. Face aux inquiétudes, une étude sera menée.

Depuis des années, le revêtement de sol est le premier composant des logements neufs sujet aux malfaçons. Le plus souvent, il s'agit d'une mauvaise pose de carrelage entraînant des fissures.
Entre 2016 et 2018, le problème s'est amplifié au point d'atteindre 13,5 % des ratés en maison. Or, avec la généralisation des chauffages par le sol, les réparations coûtent plus cher.
Cependant, un autre phénomène contribue aussi à faire exploser le coût des malfaçons. Avant la crise de 2008, il était possible de régler un problème à l'amiable par reprise du chantier. Actuellement, en raison de la croissance du recours aux sous-traitants, les clients se rendent directement chez leurs assureurs.
Les malfaçons les plus courantes
Le « Flop 10 » des malfaçons des logements neufs établi par l'AQC indique que les fissurations anormales provoquées par des poteaux et des poutres ont représenté environ 8 % du nombre de ratés en appartement sur la période 2016-2018.
À titre de comparaison, elles étaient à peine supérieures à 1 % entre 1995 et 2007, et de 4 % de 2008 à 2018. Désormais, ces défauts figurent en troisième position du classement des malfaçons dans la construction de logements collectifs et en cinquième position en ce qui concerne les maisons.
Catherine Labat, présidente de la CFEC (compagnie française des experts-construction) et coauteur du rapport de l'AQC, explique :
« Dès lors qu'une fissure est évolutive il y a lieu de déclarer un sinistre mais cela ne signifie pas risque d'effondrement nécessitant étaiement, on n'en est pas là ! Il ne faut pas faire d'alarmisme mais cette évolution est inquiétante et il faut comprendre pourquoi ».
À ce titre, l'AQC lancera une étude. D'autant qu'une malfaçon peut provenir de diverses causes.
En appartement, la deuxième malfaçon la plus fréquente porte sur les réseaux d'eau intérieurs. En maison, en revanche, elle concerne la toiture en tuiles. À noter qu'une malfaçon, quelle qu'elle soit, menace rarement la stabilité d'un bâtiment. Dans 62 % des cas, les désordres se manifestent par un défaut d'étanchéité à l'eau.
Pourquoi les coûts liés aux problèmes de malfaçons s'accroissent-ils ?
L'observatoire de l'AQC dispose d'une base de 500 000 dossiers qui s'étalent sur la période 1995-2018. Sa présidente, Christel Ebner, précise que 25 000 cas en moyenne sont traités par an.
Résultat, les indemnisations au titre de la garantie décennale se multiplient. En 2017, par exemple, les assureurs avaient versé 754 millions d'euros en assurance dommage ouvrage.
À titre de comparaison, cette somme s'élevait à 430 millions en 2008. Pour l'année 2018, du fait de l'explosion des malfaçons structurelles au niveau des poutres et des poteaux porteurs, la facture devrait encore être plus importante.
Catherine Labat explique qu'il peut y avoir des poteaux verticaux et des poutres horizontales dans les maisons comme les immeubles collectifs, et non uniquement des murs porteurs. Elle poursuit :
« Ils supportent par exemple les planchers des appartements quand les pièces sont grandes, et de même on y recourt pour permettre l'architecture de plus en plus cubique des maisons, avec des auvents ou terrasses recouvertes d'une surface habitable au niveau supérieur ».
Cependant, la présidente de la CFEC a tenu à souligner :
« On n'observe pas nécessairement plus de malfaçons qu'avant, en revanche, le degré de tolérance des particuliers s'est beaucoup réduit. Or la construction n'est pas une science exacte ».