Selon les estimations récemment dévoilées par la Régie du logement, les loyers pratiqués au Canada devraient augmenter d’environ 1,2 % en moyenne cette année. Il s’agit d’une bonne nouvelle pour les locataires qui ont été confrontés à une hausse de 1,3 % en 2019 et de 1,4 % l’année précédente. De leur côté, les bailleurs semblent ne pas être satisfaits de l’évolution des loyers se dessinant dans le secteur.

Une personne à la recherche d'un logement a généralement besoin de connaître le cours du marché, pour le loyer et l'assurance locataire. Elle pourra ainsi éviter les mauvaises surprises. Au Canada, la Régie du logement publie chaque année une estimation de la hausse moyenne des loyers pour servir de référence en cas de litige.
Cette année, l'augmentation moyenne pour les appartements disposant d'un système de chauffage devrait varier de 0,6 à 1,4 %. Avec un chauffage au mazout, la hausse est évaluée à 0,6 %. Celle-ci est estimée à 1 % en ce qui concerne les logements équipés de chauffage électriques.
Concernant les appartements chauffés au gaz, une augmentation moyenne de 1,4% est attendue. Ces hausses peuvent toutefois s'accentuer en tenant compte de l'évolution des taxes foncières, scolaires et autres ou des grands travaux de rénovation.
Déclin de la location traditionnelle
La CORPIQ (Corporation des propriétaires immobiliers du Québec) n'a pas tardé à réagir après la diffusion de ces chiffres. Selon elle, les hausses suggérées par la Régie du logement sont insuffisantes et ne permettent aucun retour sur investissement pour les propriétaires.
Comme l'a indiqué la CORPIQ, par le biais de son directeur des Affaires publiques :
Il n'y a plus aucun moyen d'amortir les travaux de rénovation, à moins qu'il y ait un changement de locataires permettant de hausser les loyers en conséquence.
D'ailleurs, avec des augmentations aussi modestes, les bailleurs n'auront plus d'autre choix que de procéder à l'expulsion des locataires. Ils auront ainsi la possibilité de modifier l'usage de leur bien. Les propriétaires pourraient notamment transformer leur immeuble locatif en condo, ce qui est assez fréquent dans le secteur.
Au-delà des préoccupations individuelles de ses membres, la CORPIQ s'inquiète en définitive de l'impact des taux proposés par la Régie du logement sur le secteur. En effet, la désertion du marché locatif par les bailleurs accentuera davantage la raréfaction de l'offre au Canada.
Inquiétude des défenseurs des locataires
Dans la pratique, les hausses des loyers sont souvent plus élevées par rapport aux chiffres présentés par la Régie du logement. Selon les associations de défense des locataires, les appartements se font rares dans le pays, ce qui tire les prix des loyers vers la hausse.
Cette faiblesse de l'offre de logements se reflète à travers les chiffres enregistrés à Montréal où seulement 1,5 % des appartements sont actuellement inhabités. Ce phénomène ne s'est pas produit depuis 15 ans. La SCHL (Société canadienne d'hypothèques et de logement) a ainsi constaté une augmentation moyenne des loyers de 5,2 % sur la période 2018-2019.
Selon le porte-parole du RCLALQ (Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec) :
Pour les prochaines années, on peut s'attendre au pire. Plus les logements sont rares, plus les loyers augmentent.
Face à cette tendance inquiétante, le FRAPRU (Front d'action populaire en réaménagement urbain) rappelle aux occupants qu'ils ont le droit de contester une hausse de loyer abusive. Les défenseurs des locataires veulent notamment que Québec agisse pour réguler la fluctuation des loyers dans le pays. De plus, les pouvoirs publics devraient augmenter le nombre de logements accessibles pour les petits budgets.