Fin juin 2020, les responsables des œuvres universitaires et scolaires ont annoncé les premiers résultats du processus d’attribution de logements pour les étudiants. De nombreux boursiers se sont retrouvés complètement désemparés après le refus de leurs demandes. Les organismes concernés évoquent notamment le manque de places en raison des conséquences de la crise sanitaire sur l’écosystème universitaire.

Les retombées de la pandémie de Covid-19 aggravent la crise du logement étudiant en France

Les étudiants s'efforcent souvent de finaliser, dès l'été, toutes les démarches liées à leur hébergement telles que la régularisation de leur situation auprès des Crous, la souscription d'une assurance habitation… Ils pourront ainsi se consacrer entièrement à leur formation à la rentrée. Cette année, de nombreux boursiers n'ont pas obtenu de logement après la première phase de l'attribution de résidences universitaires.

Les demandes refusées incluaient même des échelons 6 et 7, selon Ouest-France. Pourtant, de telles candidatures sont censées être prioritaires. Les étudiants concernés ont récemment exprimé leur désarroi sur les médias sociaux. En effet, le parc locatif privé est souvent inabordable pour cette population.

Des retards conséquents sur les projets de construction

Le régime actuel a promis de bâtir 60 000 logements pour étudiants avant la fin du quinquennat, rappelle Ouest-France. Moins de la moitié de cet objectif sera atteint, estime la présidente du Cnous (Centre national des œuvres universitaires et scolaires), Mélanie Luce. En effet, le rythme des constructions ne parvient pas à suivre l'évolution des besoins.


Comme l'a noté Mélanie Luce :

À Bordeaux, 4 000 logements ont été construits ces dernières années. Pourtant, la proportion d'étudiants logés par le Crous reste inchangée.

Alors que les universités comptent 1,8 million d'inscrits, les Crous gèrent aujourd'hui un parc constitué de 175 000 logements. Les places disponibles sont clairement insuffisantes. Pourtant, le nombre de boursiers ne cesse d'augmenter chaque année. La France en recensait 712 166 en 2018, soit environ 20 000 personnes supplémentaires par rapport à 2016.

Une population étudiante importante

En France, le nombre d'étudiants tend à augmenter de manière soutenue ces dernières années. Le taux de réussite record au baccalauréat 2020 risque d'aggraver cette situation. Pour rappel, plus de 91 % des candidats ont obtenu leur diplôme avant les rattrapages. Ce taux représente 35 000 étudiants potentiels, d'après la CPU (Conférence des présidents d'université).

Le Cnous, de son côté, tient à calmer les inquiétudes des échelons 6 et 7. Ces derniers devraient obtenir un logement lors de la phase complémentaire de l'attribution, de juillet à septembre. Les associations étudiantes ne sont pas rassurées pour autant.

Selon la présidente de la Fage (Fédération des associations générales étudiantes), Orlane François :

Nous nous inquiétons surtout pour les échelons inférieurs. Être échelon 1 ne signifie pas pouvoir être autonome financièrement et se payer un studio.

Quelques effets directs de la crise sanitaire

À cause du confinement, la plupart des établissements supérieurs ont repoussé les dates des épreuves et prolongé l'année universitaire. Ainsi, de nombreux logements étudiants étaient encore occupés par les locataires précédents au moment de l'attribution, restreignant significativement le nombre d'hébergements disponibles.


Certains étudiants ont par ailleurs demandé à garder leur logement pour l'été par crainte du contexte sanitaire actuel. D'autres appréhendent de se lancer sur le marché de l'emploi en pleine crise, si bien qu'ils ont décidé de prolonger leur cursus universitaire d'une année. Conséquence, des lits supposés être disponibles ne le sont finalement pas.

Enfin, les retombées économiques de la pandémie incitent certains étudiants à privilégier désormais les résidences universitaires. Comme l'a expliqué la présidente de la Fage :

Dans un contexte de précarisation dû au Covid-19, les étudiants ont ciblé les résidences les moins chères. […] Ce qui peut expliquer pourquoi certaines résidences des Crous ont refusé tant de dossiers.