La sinistralité automobile a sensiblement reculé durant le confinement en raison de l’immobilisation de la plupart des voitures. Compte tenu des économies réalisées par les assureurs sur cette période, l'UFC-Que Choisir a réclamé une réduction de tarifs. Cette requête a été refusée pour l’année en cours. Une baisse est néanmoins envisageable pour le prochain exercice.

Décisif sur un comparateur assurance auto, le montant de la cotisation dépend de nombreux facteurs, dont l'accidentalité sur une période donnée. La prime tend à augmenter si le véhicule est considéré comme étant plus exposé aux sinistres. À l'inverse, la diminution du nombre d'accidents de la route devrait influer sur la somme à verser à son assureur.
Cependant, la FFA (Fédération française de l'assurance) dénonce cette approche trop simpliste. En effet, le modèle économique des assureurs est nettement plus complexe. Ainsi, la baisse ponctuelle de la sinistralité dans la branche automobile n'implique pas nécessairement une réduction des primes des assurés à court terme.
Une réclamation discutable selon les professionnels concernés
Selon les calculs de l'UFC-Que Choisir, les sommes économisées durant le confinement devraient permettre aux assureurs de réduire les cotisations de 1,7 milliard d'euros en moyenne pour cette année. Ce montant pourrait même passer à 2,8 milliards d'euros dans l'un des différents scénarios établis par l'association de défense des consommateurs.
Certaines enseignes comme la Matmut et la Maif se sont déjà engagées à appliquer des réductions de primes en raison du caractère exceptionnel de la situation actuelle. Les remises en question sont basées sur les économies réalisées grâce à la baisse de l'accidentalité durant la crise sanitaire.
Face à ce geste, l'UFC-Que Choisir a demandé la généralisation de la baisse des cotisations. Les assureurs ont récemment expliqué leur position sur le sujet. Malgré les gains dus au confinement, aucune réduction n'est envisagée pour les automobilistes cette année.
Comme l'explique la FFA, dans sa lettre de réponse communiquée aux médias :
Il est dangereux de faire croire aux assurés que, parce qu'il fait beau un jour, il faudrait se faire rembourser les primes catastrophes naturelles, ou parce que l'on n'a pas subi de dégât des eaux une année, il faudrait se faire rembourser sa prime d'assurance habitation.
Une menace contre le principe régissant le secteur assurantiel
En réponse à la requête de l'UFC-Que Choisir, les assureurs ont tenu à signaler que le niveau de sinistralité est estimé sur l'ensemble de l'exercice en cours. Il est donc prématuré de se prononcer par rapport à la tendance en la matière au premier semestre.
Autrement dit, les professionnels du secteur ne peuvent prendre aucune décision concernant une éventuelle réévaluation des primes pour l'instant. Néanmoins, ils admettent que le nombre d'accidents a baissé de près de 75 % sur toute la période du confinement.
Selon la FFA :
Ce n'est qu'à la fin de l'année que nous pourrons juger de la réalité des accidents automobiles pour 2020. S'il se trouve que les primes perçues ont été supérieures aux sinistres payés, cela se répercutera sur les tarifs de l'année 2021.
L'organisme a également contesté la logique de l'UFC-Que Choisir. Il avance que son raisonnement va à l'encontre des intérêts des consommateurs, notamment par rapport au respect du contrat liant les deux parties.
Concrètement, la compagnie s'est engagée à couvrir le souscripteur toute l'année, contre le versement des cotisations convenues. Chacun est donc tenu de remplir ses obligations. Enfin, le remboursement réclamé est contraire au principe de mutualisation, à la base même du modèle économique des assureurs.