Bien que les statistiques indiquent une certaine évolution, le secteur dans son ensemble ne s’est toujours pas remis de la crise. La pandémie a en effet perturbé la chaîne d’approvisionnement en matériaux de construction. Le prix a augmenté en conséquence et les retards de livraison se multiplient. Les donneurs d’ordre, eux, ne se montrent pas toujours compréhensifs.

La consommation de ciment est l'indicateur souvent utilisé pour évaluer la performance du BTP. Une hausse de la commande signifierait alors que le secteur se porte bien. Cette augmentation a bien lieu actuellement. Cependant, le domaine du BTP dans sa globalité n'a connu aucune amélioration notable depuis le début de la crise sanitaire.
En réalité, la pandémie a impacté l'ensemble de la chaîne de production et d'approvisionnement. La production est en baisse, les matériaux et les matières premières se font rares, et les retards de livraison s'accumulent. Certains donneurs d'ordre refuseraient pourtant de négocier la date d'échéance. Aux difficultés déjà rencontrées s'ajoutent ainsi les pénalités.
Davantage de flexibilité de la part des donneurs d'ordre
Plusieurs recommandations sont ainsi avancées par les professionnels du secteur afin de retrouver la croissance. Ils suggèrent entre autres de revoir les échéances contractuelles pour les projets qui leur sont confiés et ceux à venir. Le but étant que les retards de livraison soient pris en compte par les donneurs d'ordre. Ils seraient en effet dus à l'indisponibilité des matériaux de construction et aux horaires de travail désormais raccourcis.
Ils appellent également à un allègement des procédures de paiement pour les travaux livrés.
Parallèlement, les acteurs du BTP réclament un dispositif qui permet de limiter les retards de paiement. Ceci permettrait de répondre au besoin de trésorerie et de poursuivre l'activité de la société. Car, pour leurs besoins personnels, les professionnels du bâtiment peuvent au moins compter sur leur assurance. Il en est de même de la mutuelle PRO BTP pour les soins de santé.
Ils espèrent aussi une possibilité de reporter l'échéance pour les obligations financières et fiscales, sans devoir assumer une pénalité.
Si les professionnels du bâtiment demandent autant, c'est parce que les effets de la crise pèsent sur leur organisation et leurs activités. Même les grandes entreprises n'en seraient pas épargnées.
Revoir les prix pour s'adapter à la hausse du coût des matériaux
Les prix des matériaux s'envolent en effet depuis le début de la pandémie. Celui des matières premières industrielles, telles que les solvants ou le bois, aurait bondi de 15 % depuis octobre 2020. Il en est de même pour le cuivre et l'acier.
Cette évolution touche également les produits pétroliers et ceux qui en sont dérivés. Qu'il s'agisse des matériaux bitumineux, du PVC ou des matières plastiques. Cela s'accompagne d'une progression du prix du transport.
Le manque des matériaux vient s'y ajouter. Elle serait en partie due à la chute de la productivité mondiale. Les seuls matériaux qui restent disponibles en stock coûteraient ainsi deux fois plus cher.
Malgré la situation, les donneurs d'ordre exigent que les travaux soient livrés à la date prévue. À défaut, certains appliquent des pénalités et peuvent aller jusqu'à mettre fin au contrat.
L'actualisation des modalités de révision des prix fait partie des mesures suggérées par les professionnels du secteur. Ils souhaitent également travailler avec le ministère de l'Industrie. Cette collaboration devrait servir à mettre en place une solution pour faire face à la fluctuation du prix des matériaux. Il s'agirait aussi de réfléchir sur une alternative pour garantir leur disponibilité et la continuité des activités sur le chantier.