Pour le secteur du BTP en Lorraine, l’avenir pourrait s’obscurcir. En cause, les prix des matières premières qui ne cessent de croître. En parallèle, les professionnels font face actuellement à une pénurie. Une conséquence lointaine de la fermeture des usines pendant une période durant le premier confinement. Enfin, il y a la désaffection pour la filière.

Les entreprises lorraines du BTP se trouvent confrontées à des difficultés

Grâce aux confinements, les sociétés lorraines de BTP ont pour le moment une activité assez chargée. Ces mesures ont en effet poussé de nombreuses personnes à mener des travaux chez eux. Cependant, le paysage pourrait s'assombrir dans le futur pour ces entreprises. La faute à plusieurs facteurs.

Certains experts évoquent par exemple le désintérêt qui perdure à l'égard de cette branche d'activité. Une condition qui lui complique la tâche en matière de recrutement. Dans la Meuse et la Meurthe-et-Moselle, 550 postes d'apprentis sont à ce titre restés vacants en 2019. Pourtant, les établissements professionnels ont affiché leur besoin. Pour sa part, Alain Capdouze regrette la généralisation du travail à distance.

Une pénurie des matériaux de construction

Le gérant de l'enseigne Menuiserie Capdouze déplore :

On risque d'avoir de moins en moins de bureaux à construire dans le futur.

À ce problème s'ajoute une pénurie généralisée des matières premières en Europe. Un phénomène généré en partie par la crise du Covid et qui pèse lourd sur les sociétés du bâtiment en Lorraine. Ce qui peut également impacter sur les vendeurs de mutuelle pro btp. En ce sens, les usines ont été mises à l'arrêt durant environ 60 jours pendant le confinement de printemps 2020. Les productions ont donc été suspendues. Par ailleurs, les demandes ont flambé avec la reprise. Et principalement aux États-Unis et en Asie, le rebondissement a été surprenant.


L'économie s'appliquant à l'échelle de la planète, la majorité des marchandises sont vendues à l'étranger. Ce qui met les acteurs locaux dans un contexte de manque. Alain Capdouze s'étonne :

[…] Nous sommes dans le Grand Est, avec la forêt vosgienne à une heure et aucune scierie ne peut nous livrer en bois. Quelque chose m'échappe.

Dans le même ordre d'idée, Lénaïc Rauch, électricien, se plaint de ne pas parvenir à dénicher même un disjoncteur d'appartement. Cependant, le président de la Capeb Meurthe-et-Moselle s'accorde avec Alain Capdouze pour déclarer :

Peut-être que c'est aussi de notre faute, on n'a peut-être pas acheté assez cher au départ.

Flambée des prix

Enfin, l'accroissement des coûts des matières premières rend également la vie dure aux professionnels lorrains du BTP. Le numéro 1 de l'antenne mosellane de la Capeb, Émilien Gangemi redoute que la filière connaisse à l'avenir des défaillances d'entreprise. Les circonstances actuelles se révèlent sans précédent, alerte-t-il.

Exponentielle, l'explosion des cours affecte les matériaux auxquels les sociétés du bâtiment recourent fréquemment. Dans son rapport, la Capeb Moselle constate depuis janvier 2021 une hausse de prix à hauteur de :

  •  PVC : 114 % ;
  •  Acier : 106 % ;
  •  Cuivre 51 %.

D'après Lénaïc Rauch, les tarifs sur le marché font vraiment pâlir. Relativement à cette situation, Alain Capdouze explique :

Les prix ne sont pas garantis quand on passe commande mais quand on est livré.

Dit autrement, il ne pourra pas prévoir le coût de son matériel, se lamente-t-il. Les devis des interventions pourraient donc être établis à partir de prix de matières premières non correspondants au contexte du moment. À noter que le menuisier doit attendre l'existence des fondations avant de débuter son travail. Ce qui peut parfois prendre jusqu'à au-delà d'un an.