Lorsque la Bourse s’effondre, la rentabilité de l’assurance-vie peut être amoindrie en raison des unités de compte qu’elle intègre. Afin de limiter les pertes induites par la régression des marchés sur les supports les plus risqués, un mécanisme a été instauré au cours de la période 2006-2007. Il reste à savoir si les épargnants s’en serviront en cette période de récession.

Tout comme les fonds communs de placement (FCP) et les actions, les unités de compte peuvent être rattachées aux contrats d'assurance vie. Seulement, ces instruments financiers ne garantissent pas le capital. À cause des moins-values qui en découlent, une partie de l'argent investi risque d'être perdue si le marché venait à se retourner. Les assurés peuvent-ils limiter les éventuelles pertes avec la crise économique provoquée par la pandémie de coronavirus ?
Quoi qu'il en soit, l'assurance-vie reste le placement préféré de la population française. Non seulement le contrat est aisé à piloter, mais encore les fonds peuvent être retirés à tout moment.
Comment les épargnants peuvent-ils contenir leurs pertes ?
Appelée stop loss, la procédure de limitation des pertes est enclenchée dès que le montant du placement franchit un certain seuil établi au préalable. Ce mécanisme évite au détenteur du contrat d'assurance-vie d'accumuler davantage de moins-values. Les fonds investis sont vendus. Une fois cette opération effectuée, le capital est transféré sur un autre support moins risqué du contrat, tel que les fonds en euros.
Le directeur général de Nortia, Philippe Parguey, tient toutefois à préciser que le délai d'arbitrage n'est pas instantané. Il se peut que la durée de traitement de l'opération entraîne des pertes plus élevées que celles établies dans le cadre du stop loss. Cette situation est notamment susceptible de se produire quand les marchés dégringolent brutalement.
Philippe Crevel, qui dirige le Cercle de l'Épargne, ajoute que les assureurs traditionnels n'opèrent pas en temps réel. Contrairement aux Fintech, ils ne possèdent pas de structure informatique adaptée pour un tel fonctionnement. Les ventes sont alors déclenchées en masse, étant donné les milliards d'euros de flux gérés.
Une option plus coûteuse qui pourrait être davantage demandée sur un marché en croissance
Les compagnies d'assurance doivent composer avec un environnement caractérisé par des taux bas. De plus, la réglementation imposée par la Banque centrale européenne les incite à revoir leurs offres. C'est la raison pour laquelle elles ont réorienté les titulaires de contrats d'assurance-vie vers les unités de compte.
Si ces supports d'investissement sont plus risqués, ils affichent aussi un meilleur rendement. Du côté des fonds en euros en revanche, la rémunération est passée de 1,80 % à 1,40 % de 2018 à 2019.
Les cotisations versées sur les unités de compte ont atteint 11,6 milliards d'euros depuis que l'année a commencé. C'est ce qu'indique la Fédération française de l'assurance (FFA), qui estime ce chiffre à 36 % de la collecte totale. Quant à l'encours des contrats d'assurance-vie, il a connu une augmentation de 5 % en l'espace d'un an. Fin janvier 2020, 1 789 milliards d'euros de placements ont été enregistrés.
Le marché est donc amené à se développer. Ceux qui aspirent à recourir au stop loss doivent s'assurer que ce mécanisme convient à la nature de leur épargne. Ils doivent aussi s'attendre à débourser des frais de gestion plus importants.