La décision avait pour but de protéger les entreprises, notamment celles du voyage. Elle pourrait finalement mener à leur perte. Alors que l’exécutif pensait rendre service aux professionnels du voyage en reconduisant le dispositif des avoirs, il s’est heurté à leur opposition. Ceux-ci refusaient de pénaliser davantage leurs clients.

Un non-remboursement qui suscitait déjà quelques inquiétudes
Au début du premier confinement, bon nombre de voyageurs réclamaient le remboursement des frais de réservation, sachant que leurs séjours allaient être annulés.
Mais sous l'impulsion des tours opérateurs, les agences de voyages ont proposé une alternative à leur client, conscientes qu'un remboursement aurait eu un impact considérable sur leur trésorerie.
Grâce à cette solution, les agences n'étaient plus obligées de rembourser les sommes versées au moment de la réservation. À la place d'un remboursement en numéraire, elles accordaient à leurs clients un report de leur séjour sur une destination différente ou à une date ultérieure, une fois la crise sanitaire passée.
Le gouvernement avait suivi le mouvement en validant, via une ordonnance, ce dispositif des avoirs, donnant ainsi un répit pour les acteurs du voyage, surtout les plus vulnérables. Mais déjà à l'époque, les voyagistes redoutaient la réaction des clients qui, eux aussi, subissaient les conséquences de la crise.
Une prolongation qui passe mal
Alors que la pandémie a déjoué les pronostics et que le confinement est de nouveau en vigueur, ladite ordonnance fait à nouveau débat chez les professionnels du secteur. Si certains membres du Sénat se sont dits favorables à sa reconduction, de leur côté et d'une voix quasi unanime, les entreprises du voyage rejettent cette idée. D'ailleurs, elles remettent en cause l'efficacité du dispositif.
Avec les difficultés rencontrées par les ménages actuellement à cause de la pandémie, refuser de leur rembourser les billets d'avion, l'assurance voyage ou encore les frais d'hôtel serait malvenu. D'autant plus que personne ne sait exactement quand la pandémie prendra fin.
Les professionnels du voyage redoutent un retour de bâton qui risque de leur être fatal à long terme. À force de repousser indéfiniment le remboursement, ils vont finir par perdre la confiance des voyageurs, lesquels préfèreront alors négocier directement avec les compagnies aériennes ou encore les hôtels.
Malgré les risques sur leur trésorerie, les agences de voyages se disent aujourd'hui prêtes à procéder au remboursement ; une décision qui suscite, à son tour, l'incompréhension des tours opérateurs.