Avec la baisse des taux, les crédits sont quasiment gratuits. Les assureurs, qui les achètent pour placer l’épargne, sont pénalisés par cette situation. En effet, leur modèle d’affaires s’en trouve complètement bouleversé. Quelles solutions les sociétés d’assurances adoptent-elles pour y remédier ? Quels sont les impacts sur les épargnants ?

Le rendement de l'assurance-vie ne cesse de chuter depuis 2013. De 2,8 %, il est passé à 2,50 % en 2014. En 2019, il a atteint les 1,85 %. Et encore, ce taux ne prend pas en compte les prélèvements sociaux. Lorsque ces derniers s'appliquent, il tombe à 1,53 %. C'est la rémunération annoncée par l'Afer (Association française d'épargne et de retraite) pour l'an dernier.
Cette dernière est une référence en termes d'assurance vie compte tenu de son nombre d'adhérents (plus de 760 000). D'ailleurs, les assureurs appliquent souvent un rendement identique à celui de l'association d'épargnants. Comment ces professionnels font-ils face à la chute des taux ?
Un contexte défavorable
Le placement préféré des épargnants s'effondre. Pour l'Afer par exemple, les intérêts ont baissé de 18 %. Pourtant, les seniors misent sur l'assurance-vie pour compléter leur pension. Le président de l'association d'épargnants, Gérard Bekerman, explique :
Par les temps qui courent, il faut savoir s'abstenir de chercher à briller par le taux, on ne veut pas faire du Madoff, on veut la tranquillité d'esprit.
Certaines sociétés d'assurances enregistrent même des rendements négatifs. Cela dit, cette baisse des taux ne décourage pas les épargnants. En effet, de nombreux Français continuent d'épargner sur les fonds garantis d'assurance-vie. L'an dernier, ces supports représentaient les trois quarts des économies réalisées, soit 25,9 milliards d'euros.
Peu d'assureurs proposent aujourd'hui un taux d'intérêt supérieur à 1,85 %. Allianz par exemple, rémunère à hauteur de 2,15 % les contrats d'assurance-vie de l'association Gaipare. Chez Monceau Assurances, le Carnet Multi Épargne met en avant un rendement de 2,45 %.
Il faut savoir que les assureurs placent surtout l'argent issu des fonds garantis sur les emprunts émis par l'État et les entreprises. Or, ces derniers affichent aujourd'hui des taux proches de zéro. Seuls les emprunts achetés par le passé, lorsque les taux n'étaient pas encore aussi bas, leur permettent de résister à cette conjoncture.
Les sociétés d'assurances prennent des risques pour rester solvables et rentables
Les placements d'argent ne sont plus rentables pour la plupart des sociétés d'assurances. Le gouvernement applique désormais la loi Sapin 2 en guise de précautions. Concrètement, elle permet au Haut conseil de stabilité financière de bloquer pendant six mois tout au plus les retraits, les arbitrages et les avances sur les contrats d'assurance-vie en cas de crise.
D'autre part, un arrêté du ministre de l'Économie et des Finances, Bruno Le Maire, autorise les sociétés d'assurances à puiser temporairement dans les réserves de rendement pour faire face aux imprévus. Pourtant, l'argent mis de côté est la propriété des épargnants. Le ministre précise donc que ce recours ne doit servir que lors de circonstances exceptionnelles.
Bien que placer une bonne partie de ses économies sur l'assurance-vie ne soit plus dorénavant très intéressant, le support constitue encore 37 % de l'épargne financière dans l'Hexagone. C'est ce qu'indique l'Insee dans un rapport paru fin 2019.
Dans un tel contexte, plusieurs sociétés d'assurances ont décidé de placer sur des fonds immobiliers ou boursiers une partie de l'épargne. D'autres ont choisi de retirer tous leurs avantages aux épargnants. Cette situation inquiète Gérard Bekerman qui considère que :
L'assurance-vie risque d'appauvrir les épargnants.
La diversification s'impose dans un contexte décadent
Étant donné que le rendement réel risque de demeurer à zéro pendant une période indéfinie pour les fonds garantis d'assurance-vie, les épargnants ont tout intérêt à diversifier leurs contrats. D'ailleurs, la prime de risque est particulièrement attrayante. La performance des fonds boursiers l'an dernier a égalé celle de 20 ans de rendement sans risque.
En 2019, le support en unité de compte Afer-Sfer a affiché une hausse de 20,2 %. Pour sa part, Agipi a enregistré une progression de 31,80 % pour son fonds Actions Monde.
Concernant les contrats d'assurances-vie, les épargnants peuvent désormais choisir au-delà des options boursières. En effet, la majorité des assureurs proposent des investissements en parts de société immobilière et en parts de capital-investissement.
Pour améliorer sa performance annuelle avec un minimum de prise de risque, Meyer Azogui, qui préside le cabinet Cyrus, conseille la répartition suivante :
25 % sur le fonds en euros et 75 % en diversification et décorrélation…