La France compte actuellement sur les fabricants en Asie pour fournir son marché en vélo. Les élus et les acteurs qui œuvrent dans le secteur souhaitent cependant relancer la production locale. Cela demande à revoir différents aspects du processus de fabrication. Il y a la question des compétences ainsi que celle des pièces comme les semi-conducteurs.

La production de vélos faisait partie des filières sur lesquelles reposait l'économie française auparavant. Cela a changé dans les années 70. Aujourd'hui, ce moyen de déplacement alternatif reprend une certaine notoriété dans le quotidien des Français. Son développement a deux origines. D'abord la grève des transporteurs en 2019 puis la pandémie depuis 2020.
Le succès connu ces derniers temps a permis de comprendre la dépendance de la France envers les pays asiatiques. En effet, les ateliers locaux s'occupent uniquement de l'assemblage. Les pièces utilisées proviennent en revanche de l'Asie. Les élus français et les acteurs de la filière tiennent cependant à changer la situation.
Une académie pour les métiers du vélo
Promouvoir le Made in France, c'est ce que souhaitent actuellement les acteurs qui travaillent dans l'industrie du cyclisme. Le projet pourra toutefois leur demander de surpasser un certain nombre d'obstacles.
Le premier défi relève du manque de compétences en France. Cycleurope a déjà pris de l'avance sur ce point. L'entreprise qui produit entre autres les vélos Peugeot et ceux de La Poste propose des formations à ses employés.
Le ministère de la Transition Écologique a également pris l'initiative de mettre en place un fonds dédié à la formation. Il s'élève à 8 millions d'euros et devrait servir à lancer une Académie de métiers du vélo. 500 mécaniciens spécialistes du vélo sont attendus chaque année de cet établissement.
Ces professionnels pourront ensuite collaborer avec les compagnies d'assurance. Ils auront alors l'occasion de s'occuper des réparations prises en charge dans le contrat d'assurance vélo.
Cela dit, le développement des compétences pourrait ne pas suffire pour obtenir une totale indépendance dans l'Hexagone. La production des vélos nécessite en effet l'utilisation des semi-conducteurs. C'est notamment le cas pour les vélos électriques et les modèles connectés. Ces équipements sont actuellement fournis par des fabricants en Asie.
Une industrie prometteuse
La relocalisation présente cependant de nombreux enjeux selon les élus français et les acteurs du cyclisme. Certains parlent d'enjeu social et économique. L'industrie du vélo génèrerait jusqu'à 8 milliards d'euros de recettes. Le chiffre peut atteindre 20 milliards d'euros en y ajoutant les revenus indirects.
Ils évoquent également la souveraineté industrielle qui devrait s'étendre au domaine de la mobilité. La fabrication entièrement française permettrait aussi d'améliorer la qualité des produits. Certains soulignent que les pièces fournies par les entreprises asiatiques ne respectent pas toujours les normes en France.
Par ailleurs, en l'absence d'acteurs français, la montée des ventes ces derniers mois n'aurait bénéficié qu'aux fabricants asiatiques. Ces usines ont en outre dû gérer une hausse des demandes après le premier confinement. Cela a entrainé une pénurie de pièces en France.
Le développement d'une filière entièrement française reposerait sur la mise en place d'usines de fabrication de cadres. Une fois ces pièces produites localement, les équipementiers viendraient s'implanter naturellement sur le territoire. Aujourd'hui, il existe des ateliers qui s'occupent de l'assemblage de cadres dans l'Hexagone. Elles ne sont pourtant pas à un rythme de production industrielle.
Afin de comprendre ce qui fait réellement obstacle, les élus vont faire le tour des usines locales. Après Cycleurope, ils prévoient de se rendre à la Manufacture du Cyle à Machecoul puis Arcades Cycles à Roche-sur-Yvon cet été.