Refus assurance emprunteur rescapée Bataclan

Une jeune femme, rescapée du Bataclan au soir du 13 novembre 2015, s'est vu refuser son assurance emprunteur sous prétexte d'un risque élevé suite au « stress post-traumatique ». Même si ce refus est légal, moralement cela est plus contestable. Après de nouvelles négociations, l'assureur aurait soumis une proposition de contrat à la jeune femme. Les détails.

Des bouleversements inattendus

3 mois après les évènements dramatiques du 13 novembre 2015 survenus à Paris, les personnes touchées essayent de reprendre le cours de leur vie. Certains d'entre eux tentent de s'accrocher aux projets qu'ils avaient entrepris avant les attentats.

C'est le cas de Laurence, rescapée du Bataclan, sortie indemne de cette salle de spectacle mais bouleversée psychologiquement : « J'ai été très choquée, comme beaucoup de personnes, par ce qu'il s'est passé ».


Elle enchaîne les consultations chez un psychologue spécialisé dans le traitement des traumatismes pour se soulager des effets post-attentat : « Je me rendais compte de l'ampleur de ce qu'on avait vécu et du choc que çà pouvait représenter » souligne-t-elle.

En parallèle, Laurence fait le choix de poursuivre son projet de devenir propriétaire pour que sa vie reprenne un train normal. Avant les attaques de la mi-novembre, elle avait obtenu un prêt bancaire auprès de sa banque pour acquérir un appartement. Pour le valider, il ne lui restait qu'à souscrire une assurance prêt bancaire.

Son assurance emprunteur refusée

Engagée dans sa démarche de souscription pour l'assurance de son emprunt, Laurence remplit consciencieusement et sans éluder la moindre information le questionnaire médical en y déclarant son « stress post-traumatique » et « son mi-temps thérapeutique ».

La réponse de l'assureur fût sans détour, il lui refuse son assurance emprunteur en se justifiant par courrier où est inscrit « La décision qui vous a été notifiée, prise dans le cadre de ce contrat, est motivée par l'état de stress post-traumatique que vous avez connu, suite aux attentats de Paris ».

Légalement, l'assureur est dans son droit mais Laurence ne s'attendait à ce refus aussi net : «Je pensais avoir une visite médicale ou un bilan psychologique de la part du médecin conseil et en fait, rien de tout ça n'est arrivé» avant d'ajouter «Vous avez l'impression qu'on vous refuse la maîtrise de votre vie, de vos projets et qu'on vous renvoie sans arrêt “victime du Bataclan”. C'est presque comme si on nous disait que vous ne pourrez jamais vous en remettre.»

Quelques jours plus tard, l'assureur a finalement réexaminé le dossier de Laurence et lui a adressé une nouvelle proposition. La jeune femme aurait étudié le contrat mais ne l'aurait, à l'heure actuelle, pas encore accepté. Ce cas particulier est révélateur de la complexité que peuvent avoir les assureurs lors de leurs arbitrages en prenant en compte les risques techniques de leur métier et les risques de réputation dans leur communication.