Remboursement des audioprothèses par l'Assurance Maladie

C'est un constat étonnant que tirent deux économistes du Cnam, le conservatoire national des arts et métiers, lors d'une étude commanditée par le syndicat national des audioprothésistes : mieux rembourser les audioprothèses permettrait à l'Assurance Maladie de réaliser des économies.

Une actuelle prise en charge dérisoire

La chose n'est pas nouvelle : le remboursement de ces équipements auditifs est gelé depuis… 1986. La prise en charge ne s'élève qu'à 127 euros par oreille selon une étude de l'Observatoire citoyen datant de 2014, quand les appareils coûtent de plusieurs centaines d'euros à plusieurs milliers, et doivent généralement être renouvelés tous les cinq ans. Les complémentaires santé, elles, remboursent environ 400 euros, mais on est toujours loin derrière les montants de remboursements pratiqués dans les autres pays européens : 600 euros en Italie, 600 également en Suisse ou encore 840 en Allemagne.


De fait du prix élevé, 2 millions de personnes seulement sur les 5 à 6 millions qui auraient besoin d'un appareillage auditif sont équipés, selon Leparisien.fr. Les seniors seraient les plus directement touchés par ce phénomène car les plus nombreux à nécessiter une audioprothèse. Le prix serait quant à lui, toujours selon le parisien, du fait de la pénurie d'audioprothésistes…

L'Assurance Maladie gagnerait à mieux rembourser

C'est donc le constat que font les deux économistes, Laurence Hartmann et Jean de Kervasdoué, au terme de leur étude dévoilée lors du 38ème congrès des audioprothésistes. L'Assurance Maladie ferait des économies si elle décidait de rembourser les audioprothèses à hauteur de 100%.

En effet « Sans appareillage, le coût du fardeau du déficit auditif s'élèverait à 23,4 milliards d'euros. Le taux réel d'appareillage (recours effectif et utilisation effective des aides) réduit ce fardeau de 30% et l'appareillage cible (50% de la population malentendante associée à une observance parfaite) le réduirait de 40%».

Les deux économistes font également le calcul en fonction des coûts liés au déficit auditif non appareillé et le score moyen de qualité de vie perdue. La conclusion est du même acabit : « il coûterait moins cher d'appareiller la population appareillable non équipée que de ne pas l'appareiller, tout en générant des gains notables en qualité de vie ». Le syndicat national des audioprothésistes a assuré durant le congrès être prêt à proposer la mise en place de tarifs négociés, afin que le plus grand nombre puisse avoir accès à l'appareillage auditif qui transformera sans doute leur vie.