
L'UFC Que Choisir a publié ce 29 juin 2016 une étude décapante pour le gouvernement sur l'état de la fracture sanitaire en France en 2016. La situation n'a visiblement fait que s'aggraver depuis quatre ans : « C'est le diagnostic d'un véritable état d'urgence sanitaire » selon Alain Bazot, le président de l'association.
Aggravation des déserts médicaux
L'UFC Que Choisir tire la sonnette d'alarme concernant l'accès aux soins. Selon l'étude menée par l'association 23% de la population, soit 14,6 millions de Français, ne trouve pas de médecins généralistes à moins de 30 minutes de chez elle.
Le constat est encore pire lorsque l'on se penche sur l'accès aux spécialistes. Un tiers de la population ne pourrait consulter d'ophtalmologiste et de gynécologue à moins de 45 minutes de chez soi en voiture. S'ajoute ensuite le critère financier : 82% des personnes ne pourraient avoir accès à un spécialiste qui ne pratique pas de dépassements d'horaires.
Des mesures inefficaces
Pour l'association les actions du gouvernement n'ont absolument rien changé. Parmi ces mesures, que l'UFC considère comme du « saupoudrage incitatif », on trouve le Contrat d'accès aux soins (Cas), mis en place par un avenant à la convention médicale, publié au Journal Officiel de décembre 2012. Il s'agissait de proposer aux médecins libéraux de signer un contrat avec l'Assurance Maladie : s'ils acceptaient de ne pas augmenter, entre autres, le niveau moyen de leurs dépassements d'honoraires, l'Assurance Maladie prenait en charge une part de leurs cotisations sociales.
Cette mesure n'aura finalement permis d'éviter que 59 millions d'euros de dépassements, sur un total de 2,46 milliards en 2014. En outre le tarif moyen d'une consultation a augmenté pour bon nombre de spécialistes : 3,5% pour les ophtalmologistes, 5% pour les gynécologues, 8,8% pour les pédiatres. En revanche, la prise en charge partielle des cotisations sociales aurait coûté pas moins de 320 millions d'euros à l'Assurance Maladie et 150 millions aux complémentaires santés.
L'UFC propose deux solutions
Afin de lutter contre l'aggravation des déserts médicaux l'UFC Que Choisir propose deux solutions. La première est la fermeture de l'accès au secteur 2 : en effet l'association impute l'échec des Cas à « la persistance du secteur 2 ». Les médecins de ce secteur peuvent fixer des honoraires libres, plus élevés donc que ceux du secteur 1.
La seconde solution serait « la mise en place d'un conventionnement sélectif des médecins, qui ne doivent plus pouvoir s'installer en zone sur-dotée qu'en secteur 1 ». Les médecins ne pourraient s'installer en zone sur-dotée qu'à condition d'opter pour le secteur 1, une proposition « pragmatique et équilibrée » selon l'association.