Le nouveau Président de la République souhaite que les soins optiques mais aussi les prothèses dentaires et auditives soient entièrement remboursés. Focus sur cette proposition.

« 100% de prise en charge pour 2022 »
Dans les lignes du programme de santé d'Emmanuel Macron, il est indiqué : « Aujourd'hui, nombreux sont ceux qui renoncent encore à des soins essentiels en raison des frais qui restent à leur charge car la couverture reste trop faible ». Le futur président a pour objectif d'avoir « 100% de prise en charge pour 2022 » et il assure que « Nous réaliserons cet objectif sans augmenter le prix des mutuelles ».
62% des Français estiment que leur budget santé est trop élevé
Un rapport de la DRESS (Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques), paru en 2015, démontre que 62% des Français trouvent que « leur reste à charge en santé est un peu ou beaucoup trop élevé ». Voici quelques chiffres qui en attestent :
- l'Assurance maladie ne couvre que 4% des lentilles correctrices et lunettes ;
- les Français payent 22,7% des soins dentaires ;
- la Sécurité sociale ne prend en charge que 14% des prothèses auditives.
Selon Olivier Véran, référent santé d'En marche ! « On parle de millions de Français qui sont parfois obligés de renoncer à des soins alors qu'ils leur ont été prescrits par des médecins ». Le proche d'Emmanuel Macron affirme qu' « une meilleure prévention permettrait pourtant d'éviter des complications et donc des dépenses plus importantes pour traiter des pathologies devenues lourdes, notamment pour les soins dentaires ou les audioprothèses ».
Comment arriver à ce taux de remboursement ?
Pour réaliser cet objectif, le nouveau Président de la République a émis le souhait de vouloir « travailler avec les organismes de complémentaires ». Les assurances et mutuelles devront alors prendre en charge 4,4 milliards d'euros par an, afin de mieux rembourser les soins dentaires, optiques et auditifs. La mesure phare pour atteindre cet objectif est la création des contrats types . Ces contrats offriraient plus de clarté aux Français : « En éclairant les Français sur le montant des remboursements prévu dans leur contrat, on met en concurrence les mutuelles et les assurances . A terme, on fera ainsi tomber le reste à charge des ménages » explique Olivier Véran.
Une mesure compliquée à mettre en œuvre ?
Emmanuel Macron pense que ces contrats types mettraient en concurrence les complémentaires, mesure suffisante pour mieux rembourser les soins visés. Mais, la FNMF (Fédération nationale de la mutuelle française) ne voit pas d'un bon œil cette décision « Le dernier rapport de la DREES indique que les assurances, et les mutuelles encore plus, arrivent tout juste à l'équilibre . En clair, les complémentaires santé ne gagnent pas vraiment d'argent » souligne Thierry Beaudet, président de la fédération.
« Pour la plupart des gens, la meilleure mutuelle est celle qui rembourse le plus . Pour gagner des parts de marché, certains organismes complémentaires ont donc augmenté le nombre des garanties comprises dans leurs offres, ce qui a entraîné une inflation des cotisations ces dernières années » toujours selon Thierry Beaudet.
Pour la FNMF, il est possible d'avoir un taux de remboursement de 100%, mais l'effort doit être fait de part et d'autre : les taux de remboursement de l'Assurance maladie et des complémentaires doivent augmenter de 13% et le coût de fabrication doit quant à lui baisser de 15%. Le président de la FNMF précise qu' « Il ne s'agit là que d'un ordre de grandeur. Mais cela permettrait de rendre cette mesure la plus indolore possible pour les patients, en activant tous les leviers ». Des négociations doivent donc, a priori, avoir lieu pour atteindre les 100% de remboursement d'ici 2022.