Un lien se crée entre le lunetier Krys et Médecin Direct pour la mise en place d’un nouveau concept. Ces deux acteurs annoncent la transformation du parcours des soins médicaux visuels. Le SNOF (Syndicat national des ophtalmologistes de France) cite des avantages financiers pour les initiateurs du projet et des risques considérables quant à la santé des usagers.

Le groupe Krys collabore avec un géant de la consultation médicale en ligne (Médecin Direct) pour le lancement d'un nouveau dispositif. L'objectif de ce partenariat est très ambitieux. Les créateurs de cette nouvelle stratégie annoncent une simplification du protocole pour les corrections de la vue. Ils argumentent sur la rapidité du traitement. Le Syndicat national des ophtalmologistes de France ou SNOF redoute les impacts de ce dispositif par rapport aux pratiques qui s'opèrent à l'insu des patients. Ainsi, les représentants des ophtalmologues révèlent des effets suffisamment inquiétants quant à ce protocole. Il s'agit notamment d'une stratégie commerciale dans l'optique de booster la vente des lunettes.
Une révolution du parcours des soins pour la santé visuelle
Le groupe Krys se lance dans une collaboration avec Médecin Direct, un leader parmi les consultants médicaux à distance. La cible de cet organisme regroupe tous les patients qui possèdent déjà des correcteurs sans prescription en cours ou présentant une évolution de la vue. Le service est déjà disponible dans les établissements commerciaux de Taverny et Franconville.
Krys projette de recruter 100 nouveaux opticiens à l'issue de ce partenariat. Un objectif qui se réalisera sous un délai allant jusqu'à la fin de cette année. D'ailleurs, les trois métiers des soignants visuels y interviennent dans le cadre d'un meilleur parcours de soins. Cela concerne notamment les opticiens, les ophtalmologistes et les orthoptistes.
Quant au fonctionnement de ce nouveau concept, les patients passeront par diverses séries de consultations avant le passage à une autre étape du traitement. La première étape sollicite l'intervention du service de télé-ophtalmologie partenaire recommandé par l'opticien chargé de la correction du patient. L'orthoptiste et le télé-ophtalmologiste effectueront par la suite les examens physiques de fond d'œil et de pression intraoculaire. Ainsi, le soignant finalisera ce cheminement par un contrôle ou par l'établissement de la prescription pour délivrer l'équipement.
Le lunetier argumente par une démonstration d'un gain de temps important par rapport à la durée actuelle des soins visuels. D'après le groupe :
« Ce protocole prend quinze jours contre six mois actuellement en raison des délais d'obtention de rendez-vous. »
Les intervenants restent sceptiques
Les représentants des soignants de la vue ne sont pas entièrement convaincus des apports de ce système. À l'inverse des effets attendus, ils annoncent ne pas être informés de cette initiative. Le président du SNOF ou Syndicat national des ophtalmologistes de France, Dr Thierry Bour, évoque la possibilité que ce protocole aille à l'encontre de la régulation au niveau de la télémédecine.
De plus, il remarque une certaine complication et un manque de transparence au niveau des démarches. Selon le président du SNOF :
« Dans les faits, cela peut prendre la forme d'une télé-expertise, or la télé expertise doit se faire entre deux médecins. Par ailleurs, le circuit, avec trois personnes, semble ajouter de la complexité. »
Le Dr Bour souhaite appuyer la délicatesse du parcours de soins quant au fonctionnement du protocole. À savoir, cette situation se réfère à la méconnaissance des antécédents médicaux et du dossier patient par le médecin traitant. De ce fait, le représentant du syndicat anticipe des risques liés à différentes pathologies du patient.
En outre, ces intervenants craignent la stratégie commerciale qui se situe derrière cette initiative. Une conjoncture qui sera à l'encontre de la législation protégeant les patients. Dr Thierry Bour affirme que :
« L'opticien sera le seul à avoir vu le patient avec, derrière, un objectif commercial, celui de vendre des lunettes.... Ce qui peut poser des problèmes d'ordre déontologique. »
Les opérateurs de la mutuelle optique seront également concernés dans cette nouvelle démarche qui sera lancé dans les meilleurs délais.