Une forte hausse du taux de sinistralité a été constatée au sein du secteur de l’automobile. Une fraude endémique qui se traduit par exemple par la déclaration de faux-sinistres. Certains assurés vont jusqu’à souscrire des garanties annexes suite à un accident de la circulation. L’étude entamée par le cabinet Roland Berger pour le compte de la fédération des assurances met en évidence les causes de l’augmentation de la sinistralité. La pluralité des garanties, l’âge des conducteurs et les caractéristiques de la flotte y sont pour beaucoup.

Au cours de ces dernières années, les compagnies d'assurance font face à une augmentation considérable de la sinistralité automobile. Les niveaux élevés de la multi-assurance (notamment en garantie Tierce et dommages collision) expliquent en partie cette hausse.
L'accélération des circuits d'indemnisation (grâce au Check Auto Express) en est un facteur multiplicateur, sachant que la formule a conduit à une baisse de vigilance des assureurs. La rentabilité du secteur étant mise en jeu, la fédération des assurances songe à un réajustement des tarifs. Cette initiative serait actée au cas où la tendance à la fraude n'est pas solutionnée.
Sur une décennie, la hausse de la sinistralité automobile est de 17%
La croissance de la sinistralité est estimée à 17% sur la période 2006-2016. Ce pourcentage surpasse la production de 4 points. La situation est d'autant plus alarmante lorsque les géants de l'assurance peinent à maîtriser l'augmentation des sinistres frauduleux. Les auteurs de l'étude avancent que les résolutions visant à lutter contre la fraude sont encore inexistantes. Et même si des actions sont menées, elles se limitent aux gros dossiers.
Toujours selon la même étude, de nombreux facteurs peuvent justifier la hausse de fréquence des sinistres :
- Une flotte de véhicules en pleine expansion. Elle est passée de 1,3 million à 3,7 millions en dix ans) ;
- Des voitures de plus en plus jeunes. La fréquence Responsabilité Civile et garanties annexes dépasse la moyenne (respectivement de 2,6 et 2 points) ;
- De jeunes automobilistes dont la responsabilité civile est souvent engagée. La fréquence Responsabilité Civile est de 7,5% à 18 ans et de 4% à 70 ans.
Une fraude à grande échelle non maîtrisée
La fraude à l'assurance prend de plus en plus d'ampleur sachant que le nombre d'assurés multirécidivistes a été multiplié par 8 en une décennie. En effet, le souscripteur d'une assurance automobile est appelé ainsi lorsqu'il a déclaré au moins 3 sinistres chez la même compagnie.
C'est également le cas lorsque des déclarations ont été émises auprès de 5 compagnies différentes au moins. Qu'il s'agisse d'une procédure d'indemnisation classique ou d'une procédure normale, ces multirécidivistes représentent 21% des sinistres Responsabilité Civile. Concernant les sinistres Tierce et dommages collision et Bris de glace, le taux s'élève à 9%.
Tout l'écosystème se retrouve gangréné par la fraude, depuis le garagiste aux gestionnaires, en passant par les intermédiaires. Le cabinet de consulting Roland Berger n'a publié aucun chiffre quant aux éventuels coûts financiers.
Quelques recommandations pour lutter contre les sinistres frauduleux
Afin de pallier à ce phénomène, le cabinet propose l'instauration d'une base de données commune relative aux sinistres. La mise en place d'algorithmes destinés à la détection de fraude pourrait être financée par les compagnies d'assurances.
De son côté, Bachir Baddou, directeur général de la Fédération des sociétés d'assurances et de réassurance (FMSAR) recommande la limitation de l'accès aux circuits rapides d'indemnisation. Ceux-ci devraient incomber uniquement aux deux 1ers sinistres de l'année. Pour le reste, il y aurait lieu d'appliquer la procédure classique (visite de l'expert et prise de photos).