L’utilisation des caméras embarquées est une pratique courante dans certains pays comme les États-Unis, la Russie, la France ou certaines nations européennes. Destiné à servir de preuve en cas d’accidents routiers, ce dispositif a aussi conquis la majorité des Suisses si l’on se réfère aux résultats de l’enquête menée par Comparis.

Dans certains pays comme la Russie, l'usage de dashcam (caméra embarquée) destinée à servir de preuve pour élucider une affaire d'accident de la route devant le tribunal est obligatoire. En France, ce système est aussi légal, tout comme aux États-Unis où 83% des automobilistes l'utilisent d'ores et déjà.
Afin de déterminer l'avis des Suisses sur le concept, un sondage a été organisé par Comparis. Les résultats publiés mi-juillet 2018 ont permis de constater que 70% des enquêtées y voient certains intérêts, ce qui les poussent à être favorable à l'utilisation de ce genre de dispositif. En revanche, cette enquête a également révélé que ce mécanisme pourrait représenter une menace pour la vie privée.
Les caméras embarquées portent atteinte à la vie privée
Bien qu'une grande partie des enquêtés soit favorable à l'utilisation de dashcam, 68% d'entre eux sont contre l'idée de l'installer dans leurs véhicules. 12% affirment leur opposition à l'usage des enregistrements comme preuve devant les tribunaux. Aussi, l'on a pu constater que le tiers des personnes interrogées n'ont pas hésité à montrer leur scepticisme en avançant la théorie de la naissance d'un « État policier ».
Selon le PFPDT (Préposé fédéral à la protection des données et à la transparence), ce concept est une violation aux droits de la personnalité. D'ailleurs, le porte-parole de cette institution, Hugo Wyler explique la situation en ces termes :
Le recours aux caméras embarquées viole en principe les droits de la personnalité, car des données sont collectées sur toute personne se trouvant dans le périmètre d'enregistrement de l'appareil, sans différenciation, et ce, sans qu'elles ne puissent s'apercevoir qu'elles sont filmées.
Une pratique avantageuse
Si 70% des individus interrogés se disent prêts à accepter l'utilisation des caméras embarquées, ce n'est pas uniquement parce que ce dispositif est utile à l'établissement de la vérité en cas de délit de fuite. D'autres facteurs y sont également pour quelque chose.
À commencer par la diminution des primes de l'assurance automobile. En effet, en acceptant ce concept, la moitié des enquêtés espèrent obtenir un rabais auprès des assureurs. Une contrepartie qui n'est pas passée inaperçue pour Comparis qui a détecté une baisse moyenne de 15% sur les tarifs.
Le taux d'accident a aussi diminué de 15% chez les jeunes conducteurs qui sont devenus plus prudents quant à leur comportement au volant et au respect du Code de la route. D'ailleurs, il faut dire que c'était prévisible si l'on se réfère aux avis des 52% des sondés qui pensent que les dashcams contribueraient au ré-encadrement des automobilistes.
Quoi qu'il en soit, d'un point de vue juridique, ce mécanisme est encore très flou en Suisse contrairement à l'Allemagne qui l'a récemment adopté, grâce à une décision prise en mai dernier par la cour fédérale de justice du pays.