Dans un pays comme le Japon où le vieillissement de la population prend de l’ampleur, les dépenses liées à la santé explosent. Les laboratoires pharmaceutiques devraient s’en réjouir et en tirer le maximum de bénéfice, mais il se trouve que ce n’est pas le cas. Au contraire, une tendance baissière de leur chiffre d’affaires se fait enregistrer depuis quelque temps. La politique de contrôle des prix imposée par le gouvernement japonais en serait la cause.

Au Japon, l'industrie pharmaceutique connait une tournure assez inquiétante si l'on tient compte des résultats des enquêtes sur l'exercice fiscal du pays qui s'est achevé au premier trimestre de cette année. Il se trouve en effet qu'une baisse moyenne de 2,2% du chiffre d'affaires des dix plus grands laboratoires de l'archipel s'est faite enregistrée durant cette période.
En se référant au vieillissement accéléré de la population du pays et les dépenses de santés qui vont avec, la situation ne devrait pas être aussi alarmante pour ces géants de la pharmacie. Mais ils doivent se plier à la politique de contrôle des prix du gouvernement qui ne fait qu'accélérer la chute du coût de leurs produits. Ainsi, la plupart d'entre eux préfèrent trouver d'autres alternatives en investissant aux États-Unis.
Une situation contradictoire
Le Japon est un pays où les personnes âgées se font de plus en plus nombreuses chaque année. L'espérance de vie y est très élevée puisqu'elle atteint en moyenne 81 ans pour les hommes et 87 ans pour les femmes. D'ailleurs, d'ici 2050, le tiers des habitants atteindra plus de 65 ans s'ils ne représentent que 27% de la masse actuellement.
Normalement, ce vieillissement progressif devrait générer 60% des dépenses de santé et représenter un potentiel de croissance pour les laboratoires pharmaceutiques japonais. Mais la situation est tout autre.
En effet, le marché nippon a connu un recul évalué à 2,2% sur le dernier exercice fiscal. Et selon la prévision des spécialistes du domaine, les choses risquent de se corser d'ici la fin de l'année puisque cette régression atteindra 4%.
Une politique désavantageuse
Au Japon, c'est le Ministère de la Santé qui se charge de fixer le prix des médicaments produits par les différents laboratoires implantés dans l'archipel en tenant compte de trois critères fondamentaux :
- L'efficacité du produit
- Le caractère innovant du produit
- Les coûts de production
Concrètement, cela concerne les remèdes remboursés par la NHI (National Health Insurance) auprès de qui employeurs et habitants effectuent les cotisations destinées à leur assurance santé.
Quoi qu'il en soit, cette situation n'est pas pour l'avantage des industriels puisque l'exécutif n'a pas cessé d'abaisser les coûts ces deux dernières années. Et l'essor des médicaments génériques à tarif réduit n'arrange pas les choses sans parler de la compétitivité tarifaire des molécules similaires importées.
Pour se rattraper, le gouvernement prévoit de revaloriser un peu plus les produits les plus innovants qui permettraient aux laboratoires de profiter d'une tarification plus élevée à la vente. Son objectif est de relancer le secteur qui commence à dépérir avec la fuite des investisseurs. Au président, de l'EFPIA (Fédération Européenne des Industries et Associations Pharmaceutiques) de donner son avis à Tokyo:
« S'en prendre à l'innovation pour faire des économies sur le budget de la santé risque de s'avérer vite très coûteux pour le Japon ».
En effet, il se trouve que les différents acteurs préfèrent externaliser leurs activités aux États-Unis où ils peuvent bénéficier d'un large champ de manœuvre. C'est d'ailleurs le cas pour Takeda qui a acheté Millenium Pharmaceuticals, Nycomed ou Shire. Mitsubishi Tanabe Pharma s'y est également lancé en investissant 1,5 milliard d'euros destinés à financer l'acquisition d'entreprises en Amérique du Nord après avoir pris le contrôle de Neuroderm.