Alors qu’on le pensait éradiqué depuis le XVIIIe siècle, le scorbut a fait son retour dans différentes régions du globe, notamment aux États-Unis, où le site américain ScienceAlert recense 20 à 30 patients, en Australie, où douze cas au moins ont été diagnostiqués, mais aussi en France. Pour mémoire, la « maladie des marins » est due à une grave carence en vitamine C, conséquence d’une alimentation déséquilibrée.

Retour du scorbut dans les pays occidentaux, dont la France
Au XVIIIe siècle, le scorbut a décimé des marins au long cours, des corsaires, ainsi que leurs prisonniers. Et voici que cette pathologie potentiellement mortelle qui ne touchait autrefois que les voyageurs isolés réapparaît dans plusieurs villes occidentales.
La France ne fait pas exception. Malgré l'absence de données précises auprès de Santé publique France quant à la situation à travers le territoire, une étude réalisée par un médecin du CHU de Limoges a permis d'identifier une dizaine de cas chez des patients souffrant d'une carence en vitamine C.
Cet acide ascorbique, que renferment les fruits et légumes, contribue à l'élaboration du collagène, une protéine qui compose les fibres blanches de la peau, des tendons, des os, des cartilages… C'est pour cela que les victimes du scorbut souffrent de fractures, de déchaussements des dents, d'inflammation des gencives ou encore d'hémorragies cutanéomuqueuses.
Des causes sociales au retour du scorbut
Selon le docteur Jean-Michel Lecerf, chef du service nutrition de l'Institut Pasteur de Lille, « le débarquement sur la terre ferme de la maladie des mers est possible. Car elle survient chez les personnes dont l'apport quotidien en vitamine C est inférieur à 10 mg, alors que les besoins se situent entre 80 mg et 100 mg ».
Or, les personnes en situation de précarité ou isolées comme les seniors, du fait d'une alimentation inadaptée, peuvent présenter un déficit très profond. C'est également le cas des personnes marginalisées, entre autres du fait de leur addiction à l'alcool.
Les mauvaises habitudes alimentaires aussi sont pointées du doigt, notamment les régimes extrêmes qui privent l'organisme de certains aliments essentiels, l'excès de « junk food » ou le manque de diversité, comme chez ce malade américain, qui mangeait exclusivement du pain et du fromage.
Les règles de base pour éviter le scorbut
D'après le professionnel, il suffit d'un verre de jus de fruits frais par jour pour un apport d'environ 30 mg de vitamine C et se prémunir du scorbut. Une grande variété de fruits en contient : les agrumes, mais également les kiwis, les fraises… Au rayon légumes, les poivrons, les salades et les choux sont à privilégier. Tous ces produits sont à consommer crus ou pas trop cuits et à conserver à l'abri de la lumière et de la chaleur.
Si le scorbut est la manifestation d'une carence extrême et prolongée, près d'un tiers des Français présentent un déficit. Les conseils du médecin sont par conséquent à suivre en permanence.
En cas de suspicion de scorbut, un dosage sanguin peut s'avérer utile, mais il n'est pas pris en charge par la Sécurité sociale, il faut dans ce cas souscrire une assurance santé complémentaire.