Est-il envisageable de programmer une voiture autonome, de manière à ce qu’elle provoque le moins d’accidents possible ? Même s’il est difficile de choisir entre heurter un piéton et blesser les passagers de l’automobile, la prolifération de véhicules sans chauffeur implique de se pencher de près sur quelques questions d’éthique. À ce propos, une étude a été entamée le 24 octobre dernier, auprès de plusieurs conducteurs de différents pays.

Comme Uber et Google, les industriels de l'automobile cherchent aussi à équiper leurs véhicules autonomes d'un programme fiable, susceptible de « remplacer » l'humain au volant. Ces professionnels ambitionnent d'ailleurs de contribuer à la réduction des accidents de la route, tout en rendant la circulation plus fluide. Afin de savoir s'il était de possible de programmer un ensemble de règles d'éthique adaptées aux machines, un expert en informatique de l'Institut de technologie du Massachusetts (MIT) a réalisé une enquête.
13 cas de figures, dans lesquelles aucune vie ne peut être épargnée, ont été dressés. En fonction des scénarios, chaque participant devait mentionner la décision qu'il aurait prise s'il avait été confronté à une situation similaire.
Les valeurs morales dictant la prise de décision divergent selon les pays
Pas moins de cinq constructeurs automobiles démocratiseront l'usage de véhicules autonomes, d'ici trois ans. Les accidents provoqués par ces voitures pourraient également croître. Les acteurs du secteur s'interrogent justement sur la proportion de risques qu'il convient de prendre.
Tout comme Barbara Wege, une spécialiste allemande de l'éthique appliquée aux automobiles sans chauffeur travaillant chez Audi, de nombreuses personnes s'intéressent aux problématiques d'ordre éthique qui pourraient découler de la conduite automatique. C'est la raison pour laquelle un informaticien du MIT a décidé, avec une cohorte d'économistes et d'experts en psychologie, de réaliser l'enquête « Machine morale » pendant plus d'un an. 233 pays ont été concernés et ont permis de récolter 40 millions de réponses.
Quand la culture vient s'en mêler
Nuancés sont les résultats de l'étude, selon les pays et leur culture. Même s'ils ne permettent pas d'ériger des règles universelles de conduite autonome, ils peuvent servir de repères quant aux convictions de la population locale.
Par exemple, les Occidentaux sont plus enclins à sacrifier la vie d'un senior et sauver celle d'un jeune, contrairement à ce qu'il en est chez les conducteurs des pays asiatiques. Les assureurs tiendront-ils compte de cette différence culturelle au moment de l'élaboration d'un éventuel devis assurance visant à couvrir les dommages causés par une voiture autonome ?
Mais d'une manière générale, les automobilistes privilégient la sécurité des personnes à celle des animaux de compagnie, peu importe le sexe, l'origine et leur expérience au volant. De la même façon, plusieurs vies prévalent sur une seule.
Des disparités d'opinions entre les pays riches et les pays pauvres
Selon les chercheurs de l'étude, les décisions prises par les personnes sondées varient également en fonction de l'influence que les institutions ont sur les mentalités et des indicateurs de développement du pays en question. Par exemple, sur le territoire nippon, les personnes en tort sont reconnues comme étant responsables des accidents. C'est par exemple le cas lorsqu'un enfant ne traverse pas la rue sur un passage piéton ou lorsqu'un conducteur enfreint le Code de la route.
Autre constat : plus les inégalités socio-économiques sont manifestes, plus les participants ont tendance à considérer le statut social dans leurs choix éthiques. Comme les disparités sont particulièrement prononcées en Colombie, les sujets interrogés préfèrent souvent mettre en danger la vie de la personne dotée de la position sociale la moins élevée.